OVH, Gandi et d'autres menacent de s'exiler contre la Loi Renseignement
Sept gros hébergeurs français (OVH, Gandi, Ikoula, IDS, Online, Lomaco et AFHADS) préviennent qu'ils devront déménager si le projet de loi Renseignement préparé par le Gouvernement contraint leurs clients à ne plus héberger leurs données et services en France, où la confidentialité sera menacée par les "boîtes noires" imposées aux opérateurs.
Si l'argument de l'atteinte aux libertés fondamentales garanties par le droit international ne convainc pas, peut-être l'argument économique aura-t-il davantage de poids.
Tout en reconnaissant la nécessité de glaner des renseignements pour lutter contre le terrorisme, les cinq grandes entreprises françaises préviennent qu'en "voulant être capable de capter en permanence toutes les données personnelles des utilisateurs, notamment par le biais de « boîtes noires », le projet de loi du gouvernement est non seulement liberticide, mais également anti-économique, et pour l’essentiel, inefficace par rapport à son objectif".
"NOUS DEVRONS DÉMÉNAGER"
Les hébergeurs estiment que les boîtes noires, particulièrement floues dans ce qu'elles pourront traiter comme données, donnent aux services de renseignement un "accès illimité" aux données hébergées et donc "insinuera le doute auprès des clients".
"Les entreprises et les particuliers choisissent un hébergeur sur des critères de confiance et de transparence, qu'il ne sera plus possible de respecter", préviennent-ils. Et ce ne sont pas les mesures de contrôles prévues qui les rassurent. "Nous ne voyons pas comment une commission consultative de 9 membres, pouvant décider avec la présence de quatre d’entre eux, peut nous rassurer".
Ils rappellent en outre que 30 à 40 % du chiffre d'affaires des hébergeurs français est réalisé auprès de clients étrangers, qui viennent aussi parce qu'il n'y a pas de Patriot Act et donc que leurs données leur paraissent en sécurité. "Si cela n’est plus le cas demain en raison de ces fameuses « boîtes noires », il leur faudra entre 10 minutes et quelques jours pour quitter leur hébergeur français".
"Pour nous le résultat est sans appel : nous devrons déménager".