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Islamic-News perd aussi sa page Facebook. Mais pourquoi ?

Ayant été classé par le ministère de l'intérieur parmi une première liste de sites faisant l'apologie du terrorisme, Islamic-News.info a été bloqué par les FAI, sans décision de justice. Mais le média islamique a également perdu son hébergeur OVH, son compte Twitter et sa page Facebook. Sans qu'aucune preuve des accusations ne soit apportée. Un site polémique ? Oui. Choquant ? Probablement. Illégal ? C'est moins sûr.

Il aura donc suffi d'un ordre de la police française, sans passer par l'avis d'un juge indépendant, pour faire disparaître tous les moyens de communication en ligne du site Islamic-News.info, qui disait publier "l'essentiel de l'actualité dans le monde musulman". Selon nos constatations, la page Facebook du site qui avait réuni plus de 40.000 "j'aime" a été supprimée mardi, alors qu'elle était toujours ouverte (mais inactive) après la décision du ministère de l'intérieur d'exiger le blocage du site d'information islamique, accusé de faire l'apologie d'actes de terrorisme ou de provoquer à des actes de terrorisme (une accusation grave que nous n'avons pas réussi à confirmer).

Auparavant, le compte Twitter et l'hébergement du site sur OVH avaient également été suspendus, les plateformes et intermédiaires techniques craignant certainement d'être accusés de complicité d'apologie du terrorisme s'ils continuaient à fournir à Islamic News les moyens de s'exprimer. Personne ne répond par ailleurs ce mardi à l'adresse e-mail hébergée par Outlook (donc Microsoft), peut-être à son tour désactivée.

Dans les publications que nous avons pu consulter sur la page Facebook d'Islamic News, encore visibles en cache au moment où nous écrivons ces lignes, aucun message ne fait explicitement l'apologie du terrorisme ou appelle les lecteurs à commettre des attentats.

Dans leurs commentaires des conflits arabes, les animateurs du site se montrent sans ambiguïté d'une grande véhémence contre ce qu'ils appellent les "terroristes kurdes" du YPG (Unités de Protection du peuple kurde), qui combattent les forces de l'Etat Islamique, et ils dénoncent "la barbarie de ces criminels racistes envers les civils arabes sunnites". Le site affiche aussi ses positions pro-palestiniennes et s'en prend donc à Israël, qu'il appelle "l'entité sioniste", reprenant ainsi une terminologie employée par l'Iran. 

CENSURE LÉGALE OU ACTE DE GUERRE ?

Mais même s'il ne condamne pas leurs exactions, jamais dans ce que nous avons pu lire Islamic News n'appelle quiconque à tuer les forces opposées à l'Etat Islamique, et encore moins à abattre des civils. La frontière qui sépare l'opinion politique choquante mais légale, et l'apologie illicite du terrorisme, a-t-elle réellement été franchie par Islamic News ? A cet instant, à notre connaissance, rien ne nous permet de le confirmer.

Or si réellement Islamic News est accusé à tort et ne bénéficie pas de la protection d'un juge (procédure administrative oblige), nous serions là en présence d'une forme moderne de censure politique ordonnée par intérêt stratégique et patriote, et non d'une censure légitime fondée sur l'état de droit. C'est exactement ce que nous avions redouté en écoutant l'ouverture des débats parlementaires sur la loi anti-terrorisme de 2014, où les mots "nous sommes en guerre" avaient été répétés à l'envi pour justifier des mesures d'exception. 

"Il n'est pas de guerre sans propagande de guerre, où chaque camp défend sa conviction d'être dans celui du bien et de combattre le camp du mal. Il faut mobiliser ses troupes et faire accepter à son peuple les efforts de guerre. Les pertes de libertés en font partie", avions-nous prévenu. "Il n'est pas non plus de propagande de guerre sans contre-propagande. Il faut répondre avec force à la propagande de l'adversaire. Or au 21ème siècle, cela consiste notamment à contrôler les réseaux sociaux que peut utiliser l'ennemi, et à bloquer l'accès aux sites web qui leur permettent de faire connaître non seulement leurs actes de guerre les plus atroces, mais aussi leurs motivations qui peuvent apporter des nuances que le manichéisme d'une guerre ne saurait tolérer."