RSF va se montrer plus actif contre les pays ennemis d'Internet. Constatant que la publication d'un rapport annuel n'a pas d'incidence sur la politique de ces États, l'ONG déploie une nouvelle stratégie consistant à rendre des sites d'information censurés de nouveau consultables par les internautes.

Ces dernières années, l'ONG Reporters Sans Frontières avait l'habitude d'organiser une journée mondiale contre la cyber-censure, avec la publication d'un rapport sur les "ennemis d'Internet" dans lequel étaient regroupés les pays censurant massivement Internet. Étaient aussi mentionnés les États "sous surveillance", c'est-à-dire ceux durcissant leur politique envers le réseau des réseaux.

Ce travail était intéressant, car il offrait une photographie globale de l'état d'Internet dans le monde. Outre la présence de pays dont la politique est très clairement liberticide, comme l'Arabie saoudite, l'Iran ou la Chine, ce rapport permettait aussi de montrer l'existence d'une dérive dans des pays plus démocratiques. Ainsi, l'Australie, la Corée du Sud et la France ont été épinglés dès 2011.

CHANGEMENT DE TACTIQUE

Mais intéressant ne veut pas dire efficace. Au fil des ans, cette publication n'a eu aucun effet visible sur l'attitude des pays accusés d'être des ennemis d'Internet. Constatant la limite de l'exercice, Reporters Sans Frontières a donc décidé de changer son fusil d'épaule. Pour cette année, plutôt que de simplement lister les pays qui censurent massivement le net, RSF met la main à la pâte.

L'ONG de défense de la liberté de la presse a annoncé ce jeudi l'opération Collateral Freedom. Le principe ? Permettre aux internautes vivant dans les pays ennemis d'Internet de consulter à nouveau des sites d'information censurés par le pouvoir en place. Et pour cela, RSF s'appuie sur les sites miroirs, c'est-à-dire des répliques qui sont hébergées sur d'autres serveurs, avec de nouvelles adresses.

Pour l'édition 2015, neuf sites censurés dans onze pays ont été retenus :

  1. Grani.ru, bloqué en Russie. Miroir : https://gr1.global.ssl.fastly.net/
  2. Fergananews.com, bloqué au Kazakhstan, en Ouzbékistan. Miroir : https://fg1.global.ssl.fastly.net/
  3. The Tibet Post International, bloqué en Chine. Miroir : https://tp1.global.ssl.fastly.net/
  4. Dan Lam Bao, bloqué au Vietnam. Miroir : https://dlb1.global.ssl.fastly.net/
  5. Mingjing News, bloqué en Chine. Miroir : https://mn1.global.ssl.fastly.net/news/main.html
  6. Hablemos Press, bloqué  à Cuba. Miroir : https://hp1.global.ssl.fastly.net/
  7. Gooya News, bloqué en Iran. Miroir : https://gn1.global.ssl.fastly.net/
  8. Gulf Center for Human Rights, bloqué aux Emirats arabes unis. Miroir : https://gc1.global.ssl.fastly.net/
  9. Bahrain Mirror, bloqué au Bahrein et en Arabie saoudite. Miroir : https://bahrainmirror.global.ssl.fastly.net/

Cette nouvelle approche a évidemment ces limites. Dès que les régimes de ces pays auront vent de ces miroirs, ils les bloqueront sans tarder. Mais l'ONG veut croire à la participation des internautes qui ouvriront à leur tour des sites miroirs, afin de submerger la capacité de censure des États. "Plus les miroirs seront nombreux, plus l’accès à l’information sera facilité", estime l'ONG.

Pour limiter encore plus la capacité de riposte des pays ennemis d'Internet, RSF utilise les serveurs de géants du web comme Amazon, Google et Microsoft. La raison ? "Rendre ces services inaccessibles reviendrait à priver des milliers d’entreprises de technologies essentielles, engendrant un coût économique voire politique très élevé, difficile à assumer pour les pays Ennemis d’Internet".


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