Nous ne le savons que trop bien, la RIAA fait tout pour empêcher le peer to peer de se développer. Considéré comme un danger par les maisons de disques, le peer to peer est vu comme le moyen absolu de pirater les oeuvres musicales des artistes. Traditionnellement, ce sont elles qui distribuent et promeuvent les artistes, au prix d’une très importante commission. Mais comme le confirme encore l’annonce du système CintoA de Morpheus, les réseaux peer to peer pourraient devenir les maisons de disques de demain, au grand profit des artistes.

Nous vous parlions déjà récemment du partenariat établi entre Sharman Networks et Cornerblank pour intégrer dans Kazaa un système de promotion des artistes (voir notre actualité du 22 août 2002). Moyennant le paiement d’une somme modique, les artistes peuvent désormais figurer en tête des résultats retournés par Kazaa pendant 90 jours. Ce sytème basé sur AltNet préfigurait déjà l’avancée du peer to peer comme moyen de promotion pour les artistes.

Morpheus va plus loin. StreamCast vient en effet d’annoncer le lancement prochain de son service CintoA, une technologie qui permettrait à ceux qui le souhaitent de diffuser leur musique en toute sécurité, sans risque de piratage. L’artiste décide du nombre de fois qu’un utilisateur peut écouter son morceau. Par exemple, s’il décide d’autoriser deux écoutes, à la troisième l’utilisateur se verra demandé de débloquer le fichier en l’achetant. Le fait de débloquer le morceau lui permettra également de le transférer sur un lecteur MP3 portable ou même de le graver sur un CD-R.

Rien de très innovant jusque là, mais CintoA apporte surtout une évolution marketing essentielle. Lorsqu’un artiste décide de souscrire à ce service, il gagne 70% des recettes générées par le déblocage des fichiers. En outre, il bénéficie d’une place de choix sur le site musical de Morpheus, Musiccity.com, pour se faire connaître. Côté tarifs, il en coûtera $125 pour diffuser une chanson, ou $495 pour un album complet. Rien n’a filtré pour l’instant sur le prix de déblocage, mais il est fort probable qu’il soit également choisi par l’artiste, qui bénéficierait alors d’un contrôle total sur ses ventes et sa politique de promotion.

La fin des maisons de disque ?

Ce système pose une réelle interrogation sur l’avenir des maisons de disques dans leur forme actuelle. 70% des revenus est une part absolument considérable en comparaison des parts reversées aujourd’hui aux artistes. Tout artiste peut en outre soumettre le fruit de son art à égalité de chances avec les autres, ce qui n’est pas le cas des modes de distribution actuels. En allant plus loin, la forme même d’album pourrait bien devenir obsolète dans un système où l’utilisateur a la possibilité d’acheter individuellement chaque chanson.
Les grands réseaux P2P qui attirent un public nombreux pourraient donc remplacer demain les maisons de disques que nous connaissons aujourd’hui. Et bien plus que le piratage, c’est sans doute là le principal danger pour ces maisons de disques habituées à un leadership absolu sur le marché musical.

Pour les réseaux peer to peer, c’est un énorme marché qui s’ouvre, et encore une fois ce sont Sharman Networks (Kazaa) et StreamCast (Morpheus) qui en sont les leaders.

Mais surtout voilà encore une preuve, s’il en fallait une, que le peer to peer n’est qu’à l’aube de la véritable révolution culturelle qu’il apporte avec lui.


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