Du fait de leur collecte massive, la NSA attrape inévitablement de nombreux faux positifs dans ses filets. Afin d'en limiter la quantité, les services secrets souhaitent obtenir un outil capable de détecter le sarcasme sur les sites communautaires.

Voilà un an, le monde a découvert avec stupeur l'étendue des capacités de la NSA pour espionner toute la planète. Après un premier article qui a révélé la collecte par l'agence des données téléphoniques de millions de clients d'un opérateur téléphonique américain de premier plan, d'autres bombes médiatiques ont suivi, détaillant chaque jour un peu plus la portée de cette surveillance de masse.

Pêcher au filet, pêcher au harpon

Le problème, c'est qu'à trop moissonner des données, on récupère n'importe quoi. C'est l'une des difficultés qu'a la NSA : en privilégiant la surveillance globale au détriment d'un effort plus ciblé, l'agence de sécurité nationale récupère inévitablement de nombreux faux positifs qui perturbent la recherche d'individus potentiellement dangereux.

Le député Jean-Jacques Urvoas, également président de la commission des lois, expliquait la situation en ces termes, pour bien montrer la différence d'approche entre les États-Unis et la France : les Américains pêchent "au filet", tandis que les Français pêchent "au harpon"… même si dans le cas de la France, le choix de la pêche au harpon peut traduire un manque de moyens qui nécessite de fait un meilleur ciblage.

Repérer le sarcasme

C'est pour cette raison que les services secrets américains veulent obtenir un nouvel outil d'analyse des réseaux sociaux, afin justement de séparer le bon grain (les messages véritablement problématiques) de l'ivraie (les messages qui ne représentent aucune menace). Comment ? En analysant le contexte dans lequel le message est publié, mais aussi la formulation et le ton employé.

Autrement dit, explique le site Next Gov, il s'agit de détecter le sarcasme sur le net afin de ne pas considérer des petits plaisantins qui utiliseraient certains mots-clés comme des terroristes en puissance. Un appel d'offres est ainsi apparu sur le site des marchés publics des États-Unis.

Vraie colère, fausse menace

Comme le rappelle Slate, il y a eu un cas assez célèbre de faux positif sur Twitter. En 2010, un Britannique avait été arrêté et placé en garde à vue après avoir publié une mauvaise blague sur le réseau social. Par excès de paranoïa, justement recherchée par les terroristes, les services antiterroristes ont cru sérieuse une fausse menace d'attentat des plus grotesques.

À l'époque, le jeune homme avait laissé exploser sa frustration en constatant les problèmes de l'aéroport de Doncaster-Sheffield à assurer les liaisons aériennes à cause d'importantes chutes de neige. "Vous avez un peu plus d'une semaine pour mettre de l'ordre dans votre merdier. Autrement je fais exploser cet aéroport", avait-il lâché, agacé de ne pas pouvoir se déplacer.

Au prix d'un long combat judiciaire, le Britannique a finalement obtenu l'annulation de ses précédentes condamnations, les magistrats reconnaissant dans leur verdict que l'intéressé n'était nullement un terroriste, ni une menace véritable, même si sa remarque n'a pas été des plus heureuses. Il aura tout de même perdu son emploi dans la bataille.

Détecter les sentiments, noter le profil psychologique

Comme le pointe Slate, le traitement automatique du langage naturel est une discipline difficile, en particulier lorsqu'il s'agit de repérer des éléments de rhétorique, le sens caché d'une phrase ou de l'humour. Cependant, des travaux en la matière sont menés, notamment par IBM, afin par exemple de détecter les sentiments ou de dessiner un profil psychologique.

Dans le cas des sentiments, il s'agissait à l'époque de donner une "opportunité d'analyser et de comprendre rapidement les sentiments des consommateurs sur [les] marques" afin "d'établir une stratégie d'entreprise ou d'agir en fonction du sentiments positif ou négatif et éventuellement de mieux prévoir les services et produits à lancer sur le marché".

Mais rien n'interdit d'utiliser ces recherches dans d'autres circonstances. En tout cas, il est certain que les services secrets américains seraient intéressés par une machine telle que Watson, qui expérimente  une technologie qui analyse le contenu des messages publiés par les utilisateurs de Twitter, pour dresser non seulement un profil de leurs centres d'intérêts, mais aussi un profil psychologique de leur personnalité

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