Choc de culture. Alors que la question n’a pas fait débat au Japon, où le mariage homosexuel est interdit dans la vie réelle, l’absence de prise en compte des couples de même sexe dans le jeu Tomodachi Life pose problème au moment où Nintendo s’apprête enfin à sortir son jeu aux Etats-Unis et en Europe.

Le 6 juin prochain, Nintendo sortira sur Nintendo 3DS en Europe et aux Etats-Unis son jeu vidéo Tomodachi Life (« La vie entre amis »), déjà disponible depuis plus d’un an au Japon, avec un succès considérable. Inspiré des Sims, le jeu est une forme de « simulateur de vie sociale » dans lequel évoluent ensemble les personnages virtuels créés souvent à leur propre image par les joueurs, les Mii.

Ces avatars sont réunis sur une île, ont leur propre caractère insufflé par différents paramètres, et peuvent se prêter à différentes activités. Ils peuvent aussi nouer des relations entre eux, de la haine jusqu’à l’amour, et même se marier. En se mariant, les personnages accèdent à des contenus et fonctionnalités réservés, comme la possibilité de fonder une famille, d’avoir une plus grande maison, ou d’envoyer ses enfants vers une autre « île » pour le faire évoluer avec d’autres joueurs. Ils peuvent aussi avoir des scènes de ménage, des moments romantiques, des réconciliations… C’est là tout le sel du jeu.

Mais voilà, Tomodachi Life ne connaît que le mariage entre personnes de sexes opposés. Le mariage gay ou lesbien n’est pas prévu par le jeu, ce qui a incité un fan homosexuel à demander à Nintendo de le prendre en compte. Il explique que pour jouer à Tomodachi Life avec son petit ami et accéder à toutes les fonctionnalités, l’un d’eux doit accepter de se  travestir virtuellement en femme :

Mais Nintendo a envoyé une fin de non recevoir à la demande. « Nintendo n’a jamais eu l’intention de faire la moindre forme de commentaire social avec le lancement de Tomodachi Life« , se défend l’éditeur dans un communiqué publié par sa filiale américaine. « Les options de relations dans le jeu représentent un autre monde ludique et non une simulation de la vie réelle. Nous espérons que tous nos fans verront que Tomodachi Life est destiné à être un jeu fantasque et excentrique, et que nous n’avons jamais essayé de fournir un commentaire social« .

En anglais, le « social commentary » est une expression qui désigne les manières indirectes de tenir un discours sociétal pour tenter d’influencer les comportements ou les positions politiques.

Le communiqué de Nintendo peut donc être interprété de deux manières. Soit que Nintendo n’a pas voulu imiter d’autres éditeurs de jeux vidéo qui intègrent systématiquement des personnages LGBT pour faire avancer la reconnaissance des droits des couples de personne de même sexe. Soit que Nintendo se défend d’avoir intentionnellement rejeté le mariage gay dans Tomodachi Life, et qu’il ne faut donc pas interpréter cette absence comme un rejet idéologique du mariage homosexuel en tant que tel. Or il semble bien que c’est cette deuxième interprétation qu’il faut retenir.

Au Japon, le mariage homosexuel n’est pas reconnu. Nintendo explique que le jeu a été fait d’abord pour le Japon, par Japonais bercés dans la culture japonaise, et que ce sont les codes sociaux japonais qui ont été utilisés, y compris dans la version destinée aux Etats-Unis et à l’Europe.

Mais « nous continuerons à écouter et à réfléchir aux retours que nous recevons« , veut rassurer l’éditeur japonais. « Nous utilisons cela comme une chance de mieux comprendre nos clients et leurs attentes à tous les niveaux de l’organisation« .

Rien n’exclut donc que le mariage de Mii du même sexe fasse son apparition dans un prochain volet de la série inaugurée en 2009.


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