La santé commence à entrer dans les terminaux électroniques, à l'image des gadgets pou vérifier son bien-être. Le sujet, jugé prometteur par la Commission européenne, a poussé cette dernière à lancer une consultation. La vie privée sera l'une des problématiques-clés dans ce secteur en expansion.

Désignée sous le terme de M-Santé (ou "mHealth" en anglais), la santé mobile consiste en fait à profiter des avantages conférés par les terminaux électroniques (smartphone, bracelet connecté…) et les technologies de l'information et de la communication pour améliorer le suivi médical des individus, contrôler leur état de santé en analysant l'activité du métabolisme et, le cas échéant, prévenir d'éventuels problèmes.

Maîtriser sa santé… et faire des économies

Domaine balbutiant, il est toutefois considéré par la Commission européenne comme tout à fait prometteur. Outre l'opportunité de donner à chacun le soin de "maîtriser sa santé", ce secteur pourrait à la fois entraîner d'importantes économies en coûts de soins de santé et ouvrir de nouvelles perspectives à l'écosystème mobile, avec de nouvelles applications et de nouveaux services à inventer.

Et Bruxelles de donner quelques exemples :

  • une appli mesurant vos signes vitaux tels que la pression artérielle ;
  • une appli aidant à administrer l’insuline aux personnes diabétiques, par la transmission, à partir d'une plateforme mobile, de signaux de commande à la pompe ;
  • une appli rappelant aux patients qu’ils doivent prendre leurs médicaments ;
  • une appli proposant des recommandations en matière d'exercice physique ou de régime alimentaire visant à améliorer d'une manière globale la santé et le bien-être des utilisateurs.

Il s'agit en fin de compte de basculer de la démarche curative à la démarche préventive, résume Neelie Kroes, en charge de la politique numérique. "Grâce à la santé mobile, certaines visites onéreuses à l'hôpital pourront être évitées, les citoyens pourront mieux prendre en charge leur propre santé et leur bien-être".

Selon Bruxelles, il est envisageable d'économiser jusqu'à 99 milliards d'euros dans l’Union européenne d'ici 2017, si le potentiel de la santé mobile "est pleinement exploité". En fait, la Commission reprend ici les conclusions de l'étude prospective du cabinet d'audit PwC, et qui avaient été relayées par l'agence des systèmes d'information partagées de santé.

Risques et obstacles de la santé mobile

Si la santé mobile a des avantages évidents, ce nouveau secteur comporte des risques avec lesquels il va falloir composer. Bruxelles n'ignore pas ces obstacles, en particulier la sécurité des logiciels de santé mobile, l'utilisation des données basées sur la santé de l'individu et leur confidentialité. Car ce n'est même pas la vie privée de l'individu qui est en jeu ici : c'est sa plus profonde intimité.

Outre la protection des données, qu'il faudra sans doute préciser et veiller à les faire respecter scrupuleusement, d'autres points devront également être résolus comme l'interopérabilité entre les applications, avec les solutions déjà existantes ainsi que la disponibilité d'une application sur plateforme logicielle, mais pas sur une autre.

Bruxelles relève également "la méconnaissance par les parties prenantes des obligations juridiques applicables aux applis relatives au mode de vie et au bien-être", ainsi que la "nécessité d'obtenir le marquage «CE» pour les applis pouvant être considérées comme des dispositifs médicaux". Enfin, les professionnels du monde de la santé devront également être dans la boucle.

Livre vert et consultation

Décidée à enclencher la réflexion, la Commission a donc publié un livre vert sur la santé mobile et annoncé l'ouverture d'une consultation au cours de laquelle elle espère que des moyens seront proposés pour "améliorer la santé et le bien-être des Européens grâce aux appareils portables tels que les téléphones, les tablettes, les dispositifs de surveillance des patients et d’autres appareils sans fil".

Plusieurs questions sont ainsi posées dans le cadre de cette consultation, comme : "quelles exigences en matière de sécurité et de performances devrait-on appliquer aux applis «mode de vie et bien-être» ?" ou encore "Quelles garanties en matière de sécurité permettraient-elles d'assurer la sécurité des données de santé dans le contexte de la santé mobile ?".

La santé mobile ou la médecine personnalisée… et privée ?

Si la santé mobile se base sur les terminaux électroniques et technologies de l'information et de la communication pour améliorer les produits, services et processus de santé, il ne faut pas perdre de vue que quelques entreprises de premier plan sont en embuscade grâce à leurs produits très appréciés par les utilisateurs ainsi que leur puissance (marketing, de calcul, de lobbying…).

Des sociétés comme Google, Apple ou encore IBM pourraient devenir les acteurs incontournables de la révolution médicale apportée par la médecine personnalisée. Au cours des derniers salons high-tech, des sociétés ont présenté une cascade de bracelets connectés permettant de suivre l'activité physique du porteur et bien d'autres choses encore. Certains projets sont très impressionnants.

Du fait, ce nouveau domaine soulève de multiples problématiques éthiques, économiques ou sociales. Celles-ci ont été abordées dans un vaste rapport rédigé par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, sur "les enjeux scientifiques, technologiques, sociaux et éthiques de la médecine personnalisée". Nous en avions abordé certaines.

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