Mark Shuttleworth, le patron de Canonical, a présenté ses excuses après la mise en demeure d'un site internet critiquant Ubuntu. Le créateur de la distribution Linux assure qu'il s'agissait d'une erreur, d'un "bug" commis par un juriste, comparable à un bug que peut écrire un développeur dans un logiciel réalisé par des centaines de personnes.

Vendredi dernier, nous rapportions que l'éditeur de la distribution Linux Ubuntu, Canonical, avait envoyé une mise en demeure à l'auteur d'un site internet créé spécialement pour expliquer comment désactiver la publicité contextuelle sous Ubuntu. Son auteur, Micah Lee, est un activiste de l'EFF qui défend le respect de la vie privée sur Internet, et qui estime que l'ajout de publicités ciblées dans le moteur de recherche unifié d'Ubuntu est une hérésie, puisqu'il oblige à envoyer vers les serveurs de Canonical toutes les requêtes saisies, même la recherche de documents en local.

Dans sa mise en demeure, Canonical estimait que la marque "Ubuntu" était contrefaite dans le nom de domaine choisi, FixUbuntu.com, et que le logo d'Ubuntu était illégalement reproduit par le site internet. Autant d'allégations difficilement acceptables par une communauté open-source habituée à une vision libertaire de la propriété intellectuelle. 

Comme on pouvait s'y attendre, la missive n'a eu que peu d'effet sur FixUbuntu.com (qui a uniquement supprimé le logo et ajouté un "disclaimer" humoristique), mais elle a eu un effet médiatique certains. L'initiative a fait le tour des sites high-tech du monde entier, ce qui n'a pas aidé la réputation d'un Ubuntu déjà de plus en plus contesté par les puristes.

Dimanche, le patron de Canonical a donc pris son clavier pour rédiger un mot d'excuses sur son blog. Mark Shuttleworth reconnaît que la lettre était "la mauvaise réponse", que c'était "une erreur", et assure qu'il n'y a "aucun doute que les différentes personnes dans la chaîne de responsabilité savent et reconnaissent que c'était une erreur".

Comme un bug dans un logiciel

Shuttleworth explique que l'employé qui a émis la lettre est (était ?) dans l'entreprise depuis moins d'un mois, et qu'il n'avait "clairement pas été briefé correctement sur les politiques et les sensibilités d'un public clé pour l'entreprise".

Expliquant que Canonical a l'obligation juridique de défendre sa marque commerciale, au risque sinon de la perdre (ce qui est vrai), Mark Shuttleworth assure que l'éditeur adopte d'ordinaire une vision très souple, et qu'il envoie facilement, voire parfois de lui-même, les licences gratuites d'autorisation d'exploitation de la marque, y compris aux sites qui critiquent Ubuntu. 

Il demande donc à la communauté de juger Canonical sur cette politique, qui est "plus généreuse que le régime par défaut de la plupart des juridictions", et non sur ce qu'il considère être un bug.

"Ce n'est pas différent d'un bug dans une ligne de code, ce qui arrive je pense aux meilleurs développeurs d'entre nous", écrit Shuttleworth. "A ceux qui lèvent des fourches et des torches sur ce problème, demandez-vous si ça serait (le comportement) approprié pour un bug dans une ligne de code parmi des milliers de changements réalisés chaque mois par une vaste équipe".


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