Comme le ferait des éditeurs de logiciels propriétaires, l'éditeur de la distribution Linux Ubuntu a tenté d'utiliser ses droits de propriété intellectuelle pour faire taire un site internet critiquant de potentielles atteintes à la vie privée générées par les dernières versions d'Ubuntu.

Canonical, dont la distribution Ubuntu est déjà perçue avec sévérité par les puristes de Linux qui reprochent à l'éditeur de s'éloigner des valeurs originelles du logiciel libre, ne va pas arranger sa réputation. Comme le rapporte Ars Technica, Canonical a utilisé ses droits sur la marque "Ubuntu" pour tenter de rendre moins visible une critique pouvant porter atteinte à ses intérêts commerciaux.

L'activiste Micah Lee, qui est à l'origine du projet HTTPS Everywhere au sein de l'Electronic Frontier Foundation (EFF), et qui s'occupe de la direction technique de la Fondation pour la Liberté de la Presse, s'était beaucoup agacé des conséquences du choix fait par Canonical d'intégrer des publicités dans sa recherche unifiée. En effet, depuis Ubuntu 12.10, toutes les requêtes effectuées dans le champs de saisie d'Unity, que ce soit pour lancer une application locale ou rechercher une information sur Internet, sont renvoyées vers un serveur d'Ubuntu, qui interroge lui-même les serveurs d'Amazon pour obtenir d'éventuels liens sponsorisés à afficher chez l'utilisateur. Ainsi, Canonical sait tout ce que saisit l'utilisateur, même dans le contexte de requêtes locales.

Pour s'opposer à cette implémentation, devenue optionnelle, Micah Lee a créé le site FixUbuntu.com, constitué d'une seule et unique page qui explique à l'utilisateur d'Ubuntu comment désactiver l'intégration des publicités dans la recherche unifiée. "Ubuntu devrait protéger par défaut la vie privée de l'utilisateur. Puisqu'il ne le fait pas, vous pouvez utiliser le code sur la gauche pour désactiver les parties invasives d'Ubuntu", peut-on lire sur le site.

Mais Canonical a envoyé une mise en demeure à Micah Lee, pour lui demander de ne plus utiliser le logo d'Ubuntu sur son site internet — ce qu'il a accepté — et de ne plus utiliser la marque "Ubuntu" dans son nom de domaine. Une telle demande, qu'il n'a pas accepté en estimant être dans son bon droit, l'obligerait donc à fermer son site et à le rouvrir sous un autre nom, beaucoup moins visible.

En signe de "bonne volonté", Lee a tout de même ajouté un disclaimer sur son site internet :

"Au cas où vous seriez 1) un total imbécile ; ou 2) un avocat ; ou 3) les deux à la fois, soyez s'il vous plait conscient que ce site n'est pas affilié à ou approuvé par Canonical Limited. Ce site critique Canonical pour certaines fonctionnalités invasives pour la vie privée d'Ubuntu, et apprend aux utilisateurs comment les réparer. Donc, évidemment, ce site n'est pas approuvé par Canonical et notre utilisation de la marque Ubuntu est purement descriptive. Elle aide le public à trouver ce site et à comprendre son message".

Micah Lee indique aussi à Ubuntu que la meilleure manière d'obtenir la fermeture de son site est de désactiver par défaut l'intégration des publicités dans la recherche unifiée, et de ne la proposer que sur activation volontaire par l'utilisateur.

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