Le comble des combles. Parce que Numerama avait reproduit dans un article critique une photo du musée du Jeu de Paume injustement censurée par Facebook, Google a décidé à son tour de censurer Numerama, en coupant son compte Google Adsense qui permet aux annonceurs de diffuser des publicités. Il nous est demandé de supprimer cette photographie pour retrouver, peut-être, l'accès à notre compte.

Mise à jour : Notre compte a été rétabli sans explications.

Ce serait drôle si ça n'était pas grave. En mars dernier, Numerama avait publié cet article sur la censure par Facebook de la page du musée du jeu de Paume, à qui il avait été reproché de publier à l'occasion d'une rétrospective une photographie d'une femme aux seins nus, prise par la photographe Laure Albin Guillot. Nous avions nous-même reproduit cette photographie pour illustrer l'article dans lequel nous critiquions l'excès de pudeur de Facebook.

A plusieurs reprises ces derniers mois, nous avons mis en garde contre la volonté des géants du net américains d'imposer partout dans le monde la culture pudibonde américaine, en usant de leur pouvoir de censure.

Or voilà que nous en sommes à notre tour victime. Lundi, Google a décidé de bloquer le compte AdSense de Numerama, qui nous permet d'offrir gratuitement nos articles à nos lecteurs, en pointant du doigt précisément l'article sur le musée du jeu de Paume (pour être tout à fait complet, Google nous avait envoyé un préavis par e-mail, que nous n'avions pas vu) :

"Il est interdit de diffuser des annonces Google sur des pages dont le contenu est réservé à un public adulte ou averti", nous explique Google, qui cite notamment les "scènes de nudité intégrale", ou même les images de "nudité habilement dissimulée", ou les "poses obscènes ou provocantes".

Numerama va bien sûr tenter de retrouver l'accès à son compte en discutant (ce qui n'est jamais simple avec Google), sans accepter de supprimer la photographie litigieuse, mais la firme prévient d'ores et déjà qu'elle change très rarement d'avis. Par ailleurs, "notre objectif consiste à répondre à toute demande de réclamation sous une semaine, mais parfois en raison des volumes que nous recevons à tout moment donné, il se peut que nous mettions un peu plus de temps à vous répondre", prévient le géant du web, qui ne supporterait pas de perdre une seule journée de chiffre d'affaires, mais qui ne voit pas de problème à le faire subir à bien moins solide que lui, à cause d'une photographie artistique.

Mais il y a pire encore que notre propre cas, anecdotique. L'attitude de Google démontre encore comment la censure de contenus légaux peut s'imposer par le portefeuille. Les prochaines fois, sans doute hésiterons-nous à publier une photo des femens, ou de toute autre femme aux seins nus, même lorsqu'il s'agit d'illustrer factuellement un article. Et cette hésitation sera la même chez de très nombreux éditeurs de sites web qui dépendent en tout ou partie des revenus de Google Adsense.


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