L'encyclopédie Wikipédia peine à accueillir des contributrices. Les statistiques depuis plusieurs années montrent en effet une présence très majoritaire des hommes. Sue Gardner, la présidente de la fondation Wikimédia, a essayé il y a quelques années de comprendre les freins limitant l'engagement des femmes envers le projet Wikipédia.

Enrichir les articles de Wikipédia, est-ce d'abord une affaire d'hommes ? C'est la question que l'on peut se poser, tant les contributions féminines sont en retrait par rapport à celles apportées par l'autre sexe. Ce constat n'est pas nouveau : déjà l'an dernier, le décalage en matière de participation avait montré que Wikipédia compte en moyenne une participante pour près de sept participants.

Un an plus tard, la situation n'a pas vraiment bougé. Selon les chiffres fournis par Jimmy Wales, le fondateur de l'encyclopédie libre et gratuite, par le Wall Street Journal, les hommes représentent toujours la très grande majorité (87 %) des contributeurs recensés sur le site participatif. Et même si la direction générale de la fondation Wikimédia a été confiée à une femme depuis 2007, la tendance n'a pas été renversée.

"J'aurais aimé que nous résolvions ce problème, mais nous n'y sommes pas parvenus" a commenté Sue Gardner. La Canadienne, qui va prochainement céder sa place de directrice générale, s'était efforcée de lister en 2011 neuf raisons qui peuvent freiner l'engagement des femmes sur l'encyclopédie libre et gratuite. Certaines concernent l'interface elle-même, d'autres seraient plus liées à la condition féminine.

Voici la liste des explications repérées par Sue Gardner :

  • Certaines femmes n'éditent pas Wikipédia parce que l'interface de modification n'est pas assez accessible ;
  • Certaines femmes n'éditent pas Wikipédia parce qu'elles sont trop occupées ;
  • Certaines femmes n'éditent pas Wikipédia parce qu'elles n'ont pas suffisamment confiance en elles alors qu'éditer Wikipédia nécessite beaucoup de confiance en soi ;
  • Certaines femmes n'éditent pas Wikipédia parce qu'elles ont une aversion pour les conflits et n'apprécient donc pas la culture parfois combative de Wikipédia ;
  • Certaines femmes n'éditent pas Wikipédia parce que les informations qu'elles apportent sont trop susceptibles d'être annulées ou supprimées ;
  • Certaines femmes n'éditent pas Wikipédia parce qu'elles jugent l'atmosphère générale de Wikipédia trop misogyne ;
  • Certaines femmes trouvent la culture de Wikipédia trop sexualisée au point d'être rebutante ;
  • Certaines femmes dont la langue maternelle intègre un genre grammatical trouvent rebutante l'idée d'être interpellées comme un homme ;
  • Certaines femmes n'éditent pas Wikipédia parce les relations sociales et un ton chaleureux comptent pour elles et Wikipédia offre moins de possibilités de manifester ces aspects en comparaison d'autres sites.

Ces quelques hypothèses ne s'appliquent évidemment pas systématiquement et en totalité pour chaque femme hésitant à contribuer à Wikipédia. Cependant, Sue Gardner s'est efforcée d'expliquer plus en détail chaque grande explication pouvant freiner la participation féminine. D'ailleurs, la fondation a lancé des projets répondant partiellement à ces verrous.

Depuis quelques semaines, la fondation Wikimédia a mis à disposition une nouvelle interface permettant d'éditer les articles sans passer par le complexe wikicode. Désormais, un éditeur visuel est disponible, qui permet au novice de prendre en main l'article beaucoup plus simplement. La fondation projette également de revoir son habillage graphique.

D'autres initiatives moins techniques ont également vu le jour, qui ne visent d'ailleurs pas spécifiquement la population féminine, mais peut néanmoins répondre à certaines considérations mentionnées par Sue Gardner. Ainsi, il existe un projet pour parrainer un nouveau afin de l'assister et l'aider à prendre ses marques, tout comme existe une initiative originale baptisée WikiLove.

Nouveauté : Découvrez

La meilleure expérience de Numerama, sans publicité,
+ riche, + zen, + exclusive.

Découvrez Numerama+

Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !