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Impression 3D : les Creative Commons font la loi

C'est peut-être une première dans l'histoire de la création artistique et industrielle. Avec l'impression 3D, la grande majorité des créations sont partagées par leurs créateurs sous des licences qui autorisent la reproduction des objets originaux. Partage ne rime plus avec piratage.

Lorsque l'on pense à l'impression 3D et aux implications du partage des modèles 3D sur la propriété intellectuelle, il est une particularité que l'on néglige souvent d'observer, alors qu'elle pourrait devenir fondamentale pour l'avenir. Contrairement au partage des films, musiques ou jeux vidéo, qui s'est développé à partir d'oeuvres commerciales protégées par le droit d'auteur exclusif, le partage des modèles 3D destinés à l'impression se fait essentiellement à partir de créations réalisées par les internautes eux-mêmes, qui acceptent le plus souvent de les partager sous des licences libres.

C'était déjà le cas en 2007 lorsque Dassault Systèmes a lancé 3DVia en se reposant sur les licences Creative Commons, et cette tendance s'est toujours vérifiée depuis. Le site Thingiverse, qui est devenu la référence incontournable de l'hébergement et du partage de fichiers STL (le format standard pour l'impression 3D), propose aujourd'hui des dizaines de milliers de modèles qui sont tous, exclusivement, publiés sous des licences Creative Commons ou BSD. Le service gratuit basé sur des licences libres est immensément plus riche que les plateformes comme Cubify, qui proposent de vendre des modèles imprimables.

Le site communautaire GrabCAD, qui propose gratuitement près de 250 000 fichiers d'objets CAD (pas tous destinés à l'impression 3D), ne prend même pas la peine d'afficher de licences. Il faut lire le code de conduite du site pour voir que toutes les créations uploadées par les membres peuvent être exploitées gracieusement par les tiers, y compris être reproduites sur d'autres sites, à condition de citer l'auteur, de faire un lien vers l'objet original sur GrabCAD, et de ne pas en faire d'utilisation commerciale sans demander l'autorisation de l'auteur. Point.

Il retire ses créations, piratées par des industriels

En matière d'objets 3D, le partage de ses créations est naturel. Même le logiciel libre n'a jamais connu une telle domination sur les logiciels propriétaires.

Aussi, les responsables politiques ont probablement tort de s'inquiéter du piratage des objets 3D par les internautes, puisqu'ils copient majoritairement ce qu'ils ont eux-mêmes créé et partagé. Le piratage existe, et a même donné lieu à de premiers litiges et à des tentatives d'imposer des DRM, mais il reste pour le moment anecdotique.

Il est d'ailleurs intéressant de voir que la première vive polémique entourant le droit d'auteur et l'impression 3D est née, non pas du piratage d'un objet protégé par un internaute, mais de l'exploitation commerciale d'un modèle diffusé sous licence Creative Commons.

Le designer Asher Nahmias (aka Dizingof), célèbre dans la communauté de l'impression 3D pour avoir créé de nombreux objets d'art, a décidé le mois dernier de retirer de Thingiverse toutes ses créations, après avoir découvert que deux sociétés commerciales, 3D Systems et Stratasys (propriétaire de Makerbot, lui-même éditeur de Thingiverse), avaient imprimé certaines de ses créations pour les exposer sur des salons professionnels sans lui demander l'autorisation, et surtout sans le créditer comme auteur. 

L'homme diffusait volontiers ses créations sous une licence Creative Commons qui autorise le partage des modèles entre particuliers, mais refuse toute exploitation commerciale. Il vend par ailleurs lui-même ses créations dans des matières plus intéressantes que le plastique, sur le site i.Materialise, et réserve certains de ses modèles au site Ponoko, où les fichiers sont vendus même lorsque la licence précise que les modèles payants ne peuvent être imprimés que dans le cadre d'une utilisation personnelle et familiale.

Son choix de retirer ses oeuvres de Thingiverse a été diversement accueilli par la communauté, qui a compris la volonté de faire respecter la licence Creative Commons, mais a jugé la mesure disproportionnée. Sans doute son cas restera-t-il isolé.