A la demande des autorités chinoises qui créent un consortium dédié, Canonical va développer une version d'Ubuntu spécialement dédiée à la Chine, qui sera proposée sur les ordinateurs de bureau, mais aussi à terme sur les smartphones et tablettes. 

L'annonce a de quoi surprendre tant l'alliance paraît improbable entre l'éditeur d'une distribution Linux et les autorités chinoises. Canonical a annoncé jeudi qu'il avait signé un accord avec le Centre de Promotion des Logiciels et Circuits Intégrés de Chine, placé sous la responsabilité du ministère chinois de l'Industrie et des Technologies de l'Information, pour mettre au point une nouvelle "architecture de référence" basée sur Ubuntu. Ce nouveau référentiel devra aboutir à la création d'un "système d'exploitation flexible, ouvert, largement utilisé et standardisé", expliquent les partenaires.

L'initiative fait partie d'un programme stratégique global de la Chine, qui souhaite encourager le développement des logiciels open-source pour contrer la domination de Microsoft sur le marché des systèmes d'exploitation, et même de Google. Canonical rejoint ainsi un nouveau consortium dédié à l'Open Source chinois, basé à Pékin, auquel participe également l'Université Nationale de Technologie de Défense. Il aura pour tâche d' "accélérer le développement d'une version pensée pour la Chine d'Ubuntu, pour le bureau et le cloud".

Des versions dédiées aux mobiles sont d'ores et déjà prévues, et pourraient donc entrer en concurrence directe avec Aliyun OS, l'Android chinois conçu par le géant Alibaba.

La version chinoise d'Ubuntu, baptisée Ubuntu Kylin, sortira dès le mois d'avril, avec des "fonctionnalités spécifiques au marché chinois". Elle permettra notamment de faciliter la saisie de caractères chinois, prendra en charge le calendrier chinois, aura un nouveau service météo (nous non plus nous ne voyons pas le rapport), et un service de recherche rapide pour parcourir "les services de musique chinois les plus populaires".

A l'avenir, Ubuntu Kylin intégrera le service de cartographie de Baidu, les services de shopping de Taobao, ou encore les systèmes de paiement des banques chinoises. 

Canonical précise que certaines fonctionnalités développées au sein du consortium pourront bénéficier au reste du monde, et annonce par exemple qu'il travaille à des systèmes d'édition de photo et de gestion avec l'éditeur WPS, destinées à être intégrées aux versions internationales d'Ubuntu.

Ce n'est pas la première fois qu'un régime autoritaire décide de créer son propre système d'exploitation basé sur Linux. Au début des années 2000, le gouvernement nord-coréen a ainsi développé Red Star OS, qui utilise l'environnement KDE, pour remplacer ses ordinateurs qui tournaient autrefois sous Windows.

Ubuntu Kylin sera open-source, ce qui devrait interdire grâce à la transparence toute tentation d'intégrer des mesures de contrôle des utilisateurs ou de censure au sein du système d'exploitation.


Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !