Lundi prochain, l’entreprise britannique Fabulonia présentera au World Mobile Congress de Barcelone la première solution de protection des droits d’auteur sur les objets, avec un système de DRM apposé aux modèles destinés aux imprimantes 3D. 

Beaucoup plus encore que la copie de la musique ou des films, l’impression 3D promet une opposition inégalée des industries traditionnelles, qui ne verront pas d’un bon oeil la possibilité offerte à chaque consommateur de reproduire lui-même tous les objets qu’il souhaite, en ne payant quasiment que la matière première. Les sites qui proposent de s’échanger des modèles 3D et de les améliorer sont déjà légion, à l’instar de Sculpteo, ShapeWays ou encore Thingiverse

C’est une véritable révolution industrielle qui commence, et qui sera d’autant plus puissante à mesure que les consommateurs disposeront chez-eux de leur propre imprimante 3D, ou pourront se rendre dans un FabLab à proximité pour faire imprimer des objets nécessitant des machines plus volumineuses et plus coûteuses, avec une grande diversité de matériaux.

Ce matin, La Chaîne Techno racontait par exemple comment un journaliste avait pu redessiner lui-même sur Sketchup une pièce du système de fermeture d’une baie vitrée qui avait cassé, et en commander une reproduction fidèle en métal, alors que la pièce n’était plus produite. Ce qui est possible pour une pièce d’occasion introuvable est aussi possible pour n’importe quel objet commercialisé…

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Pour l’impression 3D, deux combats s’annoncent. Le premier aura lieu au sein-même des acteurs qui fabriqueront les imprimantes 3D, et qui chercheront à enfermer le consommateur avec des consommables incompatibles d’une machine à l’autre, à la manière des cartouches d’encre. La matière première, déjà coûteuse, risque de coûter plus cher encore. La réponse la plus prometteuse à ce risque est certainement l’extrudeur Filabot, qui propose de compléter l’imprimante 3D par une petite machine capable de recycler les bouteilles ou autres objets en plastique pour réaliser ses propres filaments de matière. Mais encore faudra-t-il s’assurer d’avoir des imprimantes 3D qui acceptent les formats standards de filaments.

L’autre combat, beaucoup plus rude, sera sur la protection des droits d’auteur. Nous avions déjà vu que des chercheurs avaient déposé l’an dernier un brevet visant à intégrer un système de DRM aux objets imprimables. C’est aussi le cas de la société Fabulonia, qui prévoit de révéler lundi, lors du Mobile World Congress de Barcelone, la première solution commerciale de protection des droits des objets physiques.

Le système est censé empêcher la copie non autorisée d’un modèle 3D, tout en permettant aux designers qui le souhaitent de modifier un modèle existant, et de partager les revenus de la vente avec les autres designers qui ont participé à l’élaboration de l’objet imprimable.

C’est une lutte contre le piratage d’objets qui commence. Et il n’est pas tout à fait surprenant de retrouver l’industrie du cinéma parmi les premiers à participer activement à cette lutte. En 2011, nous avions vu le premier cas de plainte déposée contre un objet 3D piraté. Il s’agissait à l’époque d’une modèlisation 3D du cube du film Super 8 de JJ Abrams, que Paramount a fait supprimer pour interdire son impression. Plus récemment, la chaîne américaine HBO a mis en demeure nuPROTO, qui avait mis en vente une version imprimable en miniature du trône de Game Of Thrones, adapté pour en faire un support pour téléphone mobile. L’objet a été retiré de la vente.

Il n’est pas non plus surprenant de voir, de l’autre côté, que l’un des premiers acteurs du piratage d’objets est The Pirate Bay, qui a lancé sa section Physibles, où l’on peut télécharger des modèles 3D. 

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