La justice égyptienne a ordonné le blocage de YouTube. Mais le gouvernement s'oppose à la décision, et a interjeté appel. Les autorités égyptiennes considèrent que le blocage global de YouTube ne peut être efficace que si Google est bloqué également, ce qui entraîne des coûts importants. En outre, le gouvernement pense que bloquer Google affectera l'emploi.

En fin de semaine dernière, le tribunal administratif du Caire a ordonné le blocage de YouTube en Égypte pour une durée d'un mois. À l'origine de cette action en justice se trouve un Égyptien qui avait argué que le film l'Innocence des musulmans – qui présente l'Islam comme une religion violente et moyenâgeuse – représente un danger pour la paix sociale.

Alors que l'agence de régulation des télécommunications égyptiennes comptait mettre en œuvre ce blocage dès réception d'une copie du verdict, Reuters signale que le ministère de la communication et de l'investissement a interjeté appel. "Le gouvernement ne peut pas mettre en œuvre ce verdict sur le territoire égyptien" et a donc fait appel "pour suspendre l'application de ce verdict" est-il annoncé.

Cependant, la procédure d'appel du pouvoir exécutif n'a pas été décidée au nom des libertés fondamentales des Égyptiens. En réalité, cette-ci se base sur des considérations beaucoup plus prosaïques. En effet, les autorités égyptiennes estiment qu'il est impossible de bloquer efficacement YouTube sans bloquer en même temps le moteur de recherche Google.

Or, cela poserait deux difficultés. D'abord, le coût du blocage. Si bannir YouTube pendant un mois du net égyptien nécessite d'interdire aux internautes d'accéder à Google, il faudra adapter la réponse technique en conséquence. Ensuite, et c'est plus inattendu, les autorités s'inquiètent des conséquences qu'une telle décision pourrait avoir sur l'emploi.

Depuis la révolution de 2011, l'économie égyptienne peine à se remettre d'aplomb. L'instabilité politique dissuade les touristes, qui constituent l'un des principales ressources du pays, de venir visiter le pays. Ainsi handicapé, le gouvernement veut naturellement ménager les autres leviers économiques, notamment ceux susceptibles d'apporter de la croissance et de l'emploi (télécoms, économie numérique…).

En attendant le résultat de l'appel, la procédure de blocage est suspendue.


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