Alors que Google a échappé aux foudres de la FTC aux États-Unis, l'entreprise américaine se retrouve acculée en Europe. La Commission européenne se fait plus insistante chaque jour, réclamant un changement d'attitude du moteur de recherche vis-à-vis de ses rivaux. Pour le commissaire européen en charge de la concurrence, Google détourne le trafic web vers ses services. À lui de changer ça au plus vite, sinon Bruxelles l'y obligera.

La Commission européenne avait été très claire : qu'importe le verdict de la Federal Trade Commission (FTC), Bruxelles ne changera pas ses plans. L'enquête visant Google, accusé d'abus de position dominante en Europe, suivra son cours et ne sera en aucune façon affectée par les conclusions de l'autorité américaine responsable des pratiques anticoncurrentielles.

Contrairement à la FTC, la Commission européenne a matière à obliger Google à revoir ses pratiques, en particulier vis-à-vis de ses concurrents. C'est en tout cas ce qui transparaît de l'entretien accordé de Joaquín Almunia, commissaire chargé de la concurrence et vice-président de l'organe exécutif, au Financial Times. L'entreprise américaine est ainsi accusée de détourner du trafic vers ses services.

"Nous poursuivons notre enquête, mais ma conviction est que Google détourne du trafic", a expliqué l'Espagnol au quotidien britannique, confiant sa crainte que la position dominante  de Google dans la recherche en ligne ne se soit transformée au fil des années en abus de position dominante. Car la société de Mountain View a évidemment tout intérêt à soutenir ses propres solutions.

Si les inquiétudes de Joaquín Almunia ne se sont pas encore traduites concrètement par une intervention directe de la Commission européenne, il n'en demeure pas moins que l'Europe tient un discours nettement plus musclé que les États-Unis. La FTC s'est montrée en effet conciliante, en ne fixant pas de mesures particulières à la surexposition des services du géant américain.

Cependant, l'Europe n'est pas l'Amérique et les parts de marché dans chaque pays sont loin d'être identiques. Ainsi, Google ne gère "que" 66 % des requêtes outre-Atlantique alors qu'il contrôle plus de 90 % des recherches effectuées dans les 5 principaux pays du Vieux Continent (Allemagne, Espagne, Italie, France, Angleterre). La perception du problème et ses effets éventuels ne sont ainsi pas identiques.

Au fil des ans, Google a développé tout un écosystème de produits que l'entreprise compte bien alimenter en internautes. Le groupe n'est plus un simple moteur de recherche mais édite aussi des services rivalisant avec d'autres solutions. Il était alors reproché au groupe américain de mettre en avant des résultats issus de ses filiales, au détriment d'autres firmes.

La mise en garde de Joaquín Almunia est toutefois assortie d'une échappatoire : aucune sanction ne sera prise si Google propose de lui-même et d'ici la fin du mois de janvier des solutions satisfaisantes pour rétablir une concurrence loyale sur la toile. Car il s'agit plus d'un problème de présentation des services du groupe qu'un problème d'algorithme, laisse entendre le commissaire européen.


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