S'estimant injustement privé de ses revenus générés par la plateforme AdSense, et face au refus de Google de se plier à une injonction délivrée par un tribunal, un webmaster a décidé d'entamer ce lundi une grève de la faim devant les locaux parisiens de Google France.

Mise à jour : Google n'a pas souhaité entrer dans les détails de l'affaire, nous indiquant que "sous sommes aujourd’hui dans le cadre d’un différend commercial avec un propriétaire de sites web dont le compte a été suspendu à la suite de violations répétées de nos politiques publicitaires". "Comme nous l’avons indiqué depuis le début de ce différend, nous demeurons ouvert à la discussion", ajoute Google France, qui n'était pas en mesure ce matin de nous dire si un rendez-vous serait organisé dès ce lundi. La société nous indique par ailleurs qu'elle a fait appel de l'injonction de payer, accordée sans procédure contradictoire.

Ce lundi soir, Philippe pourrait passer le réveillon seul dans sa voiture, au 8 rue de Londres à Paris, devant les bureaux de Google France. L'homme, qui a laissé femme et enfants dans leur habitation du nord de la France, a décidé d'entamer aujourd'hui une grève de la faim pour protester contre le refus de Google d'obéir rapidement à une injonction de payer formulée par un tribunal au mois d'août dernier. En début d'année, pour des motifs en apparence abusifs, Google avait décidé de fermer illico presto le compte Google Adsense de ce webmaster indépendant, le privant de deux mois de revenus. Depuis, il se bat pour récupérer son argent, sans succès.

"Je bataille contre Google depuis 10¨mois", nous raconte Philippe, que nous avons joint par téléphone. "Google a décidé de bannir un de mes sites au prétexte qu'il n'était selon eux "pas de qualité", et ils ont banni mes comptes Adsense. Ils m'ont mis dans une merde pas possible au niveau financier".

C'est un moteur de recherche de fichiers PDF qui aurait été jugé "pas de qualité" par Google, et qui aurait justifié la fermeture sans préavis du compte ouvert dans la régie publicitaire.Tous les revenus accumulés au mois de février et de mars 2012, qui auraient dû être versés, ont été annulés. Pas uniquement pour ce site-là, mais pour tous les sites créés par le développeur, sans que des explications plus précises ne soient fournies. Une situation qui est loin d'être isolée.

Dans un premier temps, Philippe avait envoyé un courrier en recommandé au siège européen de Google, en Irlande. Sans réponse. Il a alors entamé des démarches avec son avocat pour obtenir de la justice qu'elle délivre à Google une injonction de payer, ce qu'elle a fait. Mais Google France aurait refuser de s'y plier, au motif que c'est auprès de l'Irlande qu'il faut s'adresser. 

Début décembre, Philippe prévient Google qu'il prévoit d'entamer une grève de la faim si la situation n'est pas débloquée d'ici Noël. Encore une fois, pas de réponse. Finalement, la semaine dernière, informé de la volonté de l'internaute de médiatiser l'affaire, le service juridique de Google le rappelle enfin, pour tenter de le dissuader.

Il obtient la promesse d'un rendez-vous dans la première semaine de janvier, avec un responsable de Google Irlande. Mais le webmaster n'y voit qu'une volonté de repousser encore les choses, et renouvelle son ultimatum du 24 décembre. Il explique que sa colère a redoublé après les propos du président Eric Schmidt, qui s'est dit fièrement capitaliste pour justifier sa volonté d'échapper à l'impôt et de faire remonter un maximum de chiffre d'affaires vers un paradis fiscal. Il est également agacé par le lobbying exercé par Google pour se faire passer pour une entreprise bienfaitrice, alors qu'il agit en ogre sans foi ni loi. 

S'il n'a pas de nouvelle positive d'ici ce soir, il fêra Noël seul dans sa voiture, avec ses pancartes qu'il a disposées devant les locaux de Google France.

Joyeux Noël. 


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