Le navigateur Safari a failli s'appeler "Liberté" (Freedom). Jusqu'au mois de janvier 2003, date à laquelle le logiciel a été présenté au public, Steve Jobs avait jeté son dévolu sur ce nom. Le cofondateur d'Apple estimait que ce terme représentait la libération des usagers de Mac du joug d'Internet Explorer.

Présenté pour la toute première fois en 2003, le navigateur Safari constitue la riposte d'Apple à l'omniprésent Internet Explorer. À l'époque, le logiciel de Microsoft était en effet en situation de quasi-monopole sur le marché des navigateurs, sans aucun adversaire à sa mesure en termes de force de frappe et de pénétration du marché. Il était même disponible sur d'autres environnements que Windows, avec Internet Explorer pour Mac et Internet Explorer pour Unix.

La firme de Cupertino dépendait donc de Microsoft pour la navigation en ligne. Cette situation a vite déplu à la direction du groupe, qui tenait à reprendre les rênes avec son propre navigateur web. C'est ainsi que Safari est né et s'est imposé comme le logiciel par défaut sur les systèmes d'exploitation commercialisés par Apple. Présent également sur Windows, Safari est devenu l'un des navigateurs les plus utilisés au monde.

Mais Safari a failli se nommer "Liberté" (Freedom). C'est ce que raconte Don Melton sur son blog. L'homme à l'origine du développement du navigateur et de WebKit, un moteur de rendu HTML, raconte que Steve Jobs souhaitait un nom particulièrement évocateur pour son projet de navigateur. Car en effet, l'explosion du web a vite incité les grandes sociétés à disposer de leur propre logiciel de navigation.

Plusieurs noms étaient en lice, mais Don Melton se souvient du plus marquant : "Liberté". Pour le cofondateur d'Apple, ce terme était parfait : il évoque la possibilité d'agir sans contrainte. Surtout, c'était également un message indirect à Microsoft, qui contrôlait la quasi-totalité du marché. Avec "Liberté", Steve Jobs comptait libérer ses clients du joug d'Internet Explorer.

"Si je me souviens bien, Steve prononçait quelques noms à haute voix – je suppose pour vérifier s'ils sonnaient bien à l'oreille et s'ils faisaient effet. Je ne me rappelle pas de tous les noms, mais celui qui est resté est 'Liberté'. Steve a pensé du temps à le tester sur nous. Il devait l'aimer parce qu'il évoque une image positive de gens se libérant", explique Don Melton sur son blog.

Comment Safari s'est-il imposé comme le nom final du navigateur ? Don Melton avoue ne plus s'en souvenir. Tout ce qu'il peut affirmer, c'est que la proposition est arrivée assez tardivement : la présentation de "Liberté" devait se dérouler au Macworld Expo de janvier 2003. Selon l'ingénieur, le nom de "Safari" a été choisi quelques semaines avant, vers le début du mois de décembre 2002.

"Nous avions des brèves discussions sur le nom de produit au cours de diverses sessions de travail chaque mois […]", poursuit Don Melton. Si les noms en lice lui échappent aujourd'hui, il est convaincu que "tous avaient l'air affreux au point que j'ai sans doute dû purger mon esprit le traumatisme d'imaginer le logiciel baptisé avec n'importe quel de ces noms. Et toutes les propositions semblaient de pire en pire à mesure que nous nous rapprochions de la date de lancement".

Les contempteurs d'Apple souligneront qu'il aurait été ironique qu'Apple opte pour un tel nom pour désigner son navigateur, dans la mesure où l'entreprise américaine est réputée pour maintenir ses utilisateurs dans un écosystème verrouillé et sous contrôle. Pourtant, Safari représente bien un espace de liberté puisqu'il s'ouvre au web, en comparaison de l'environnement de l'App Store soumis à des règles draconiennes.


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