réservée aux professionnels, l’impression 3D fait son chemin vers les amateurs passionnés, et promet de bousculer aussi bien les droits d’auteur que des modèles économiques. Mais pas seulement. Les imprimantes 3D pourraient aussi rendre plus difficile l’application des lois qui réglementent ou interdisent la commercialisation de certains objets. Certains tentent déjà d’imprimer des armes… »

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Avec l’impression tridimensionnelle, de nouvelles problématiques sont en train d’apparaître. Les ayants droit, soucieux de préserver leurs intérêts, ont commencé à s’opposer à certains comportements. Les imprimantes 3D ont ainsi fait l’objet d’une première plainte en piratage l’an passé, pour la mise en ligne d’un modèle imprimable du cube utilisé dans le film Super 8 de JJ Abrams.

L’impression en trois dimensions promet pourtant de transformer en profondeur le modèle économique, en apportant dans les foyers les outils nécessaires pour concevoir relativement facilement des biens plutôt que de les acheter déjà manufacturés dans le commerce. Car les imprimantes gagnent chaque année en vitesse et en précision, tandis que le prix des modèles est désormais accessible à n’importe quelle bourse.

Si cette technique de production industrielle pose de nouvelles problématiques, elle engendre aussi de nouveaux défis. Qu’en est-il des biens dont la détention est réglementée, comme une arme à feu ? Cela pose des problèmes de fond, car ce n’est peut-être qu’une question de temps avant de voir des modèles d’armes circuler sur la toile, et inciter certains internautes à en « imprimer » certaines.

C’est un sujet que la CIA a visiblement commencé à aborder. Le National intelligence Council (NIC) a en effet mentionné l’impression tridimensionnelle dans son dernier rapport consacré sur l’état du monde dans vingt ans, listant notamment les avancées technologiques pouvant non seulement transformer les relations internationales mais aussi révolutionner les sociétés.

Imprimer une arme fonctionnelle en 3D, c’est presque possible

Les cas d’impression d’une arme à feu sont pour l’heure assez rares, mais ils existent. Un internaute du forum spécialisé AR15.com, consacré au fusil d’assaut, s’est lancé dans l’aventure, a rapporté New Scientist cet été, en imprimant certaines pièces de l’arme. Comment, dans ces conditions, espérer contrôler la possession et la circulation d’armes dans un pays, si ce phénomène prend de l’ampleur ?

Pour l’heure, concevoir une arme à feu à partir de pièces imprimées via une imprimante 3D est délicat. Wired rapporte que le projet d’un étudiant américain Cody Wilson, à l’origine du projet Wiki Weapon, a abouti à un résultat mitigé. L’arme a réussi à tirer six cartouches avant de se casser. Cody Wilson espérait que l’arme puisse déverser une vingtaine de tirs.

En comparaison des standards occidentaux de conception d’armes à feu, le projet de Cody Wilson doit faire d’immenses progrès (l’AR-15 a une cadence de tir de 800 coups / minute, à titre indicatif). Mais malgré ses défauts, l’arme conçue par le projet Wiki Weapon a permis d’effectuer six tirs, ce qui est suffisant pour blesser ou tuer.

Ce prototype n’a pas été entièrement conçu par une imprimante 3D. Basé sur la structure d’un fusil d’assaut AR-15, seules quelques pièces ont été effectivement imprimées avec du plastique (la partie inférieure et la détente de l’arme). D’autres essais suivront néanmoins, afin d’aboutir un jour à la création d’une arme entièrement conçue par une imprimante 3D.

En soi, une imprimante 3D ne tue évidemment pas. C’est l’usage qu’on en fait et de l’objet qu’on imprime qui peut tuer. Une imprimante 3D permet en théorie de créer beaucoup de choses, y compris des biens considérés comme illicites ou dangereux. Or, la capacité promise par ces appareils va inévitablement amener un débat sur leur régulation.


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