En Ethiopie, des enfants qui ne savent pas lire et n'ont jamais eu de contact avec des produits électroniques ont rapidement appris, seuls, à se servir d'une tablette tactile et à utiliser des applications qui leur ont permis d'apprendre les rudiments de l'écriture.

Alors qu'en France l'éducation est obligatoire, on estime qu'il existe environ 100 millions d'enfants à travers le monde qui n'ont pas accès à un enseignement scolaire, et qui sont donc illettrés. Si tant est que l'on trouve suffisamment de candidats, recruter des professeurs pour tous les villages isolés coûterait extrêmement cher. Trop.  Beaucoup plus en tout cas que de fournir aux enfants des outils électroniques modernes qui se substitueraient à un professeur en chair et en os.

C'est pour vérifier la viabilité de cette idée que l'organisation One Laptop Per Child (OLPC), connue pour ses ordinateurs portables à très bas coût, a mis sur pieds une expérience dont les résultats sont à la fois étonnants et très encourageants.

Des membres de l'organisation se sont rendus dans deux villages d'Ethiopie où n'existe aucune éducation scolaire, et ont déposé aux enfants des boîtes en carton scellées par du scotch, dans lesquelles ils avaient mis des tablettes Motorola Xoom. Ils n'ont donné aux enfants aucune instruction, et ont simplement observé, avec la complicité d'adultes du village qui avaient appris à se servir du système de recharge électrique par panneaux solaires.

Les tablettes étaient préchargées avec des jeux permettant d'apprendre l'alphabet, des e-books, des films, des dessins animés, des applications pour dessiner, etc.

"Je pensais que les enfants joueraient avec les boîtes", a raconté Nicholas Negroponte, le fondateur d'OLPC, lors d'une conférence la semaine dernière. "Au bout de quatre minutes, un enfant avait non seulement ouvert la boîte, mais aussi trouvé le bouton on/off (de la tablette) et l'avait démarrée. Au bout de cinq jours, ils utilisaient 47 applications par enfant, par jour. Au bout de deux semaines, ils chantaient les chansons ABC dans le village, et au bout de cinq mois, ils avaient hacké Android" (ils ont réussi à détourner la protection mise en place par les techniciens pour les empêcher de personnaliser la tablette, et ont réactivé la caméra qui avait été désactivée). L'un des enfants a écrit "lion" sur l'application permettant de dessiner.

OLCP espère trouver le financement pour poursuivre l'expérimentation pendant deux ans, et pour la tester dans d'autres villages. Pour le moment, prévient Negroponte, il est trop tôt de conclure que les tablettes seules permettent aux enfants d'apprendre à lire, et à s'éduquer par eux-mêmes. Mais "si un enfant peut apprendre à lire, alors il peut lire pour apprendre", rappelle-t-il.


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