Avec Steam, Valve oblige les joueurs à accepter n'importe quelle modification contractuelle sous peine de perdre le bénéfice de tous les jeux achetés depuis plusieurs années. Interrogée sur les possibilités de dédommagement en cas de désaccord, l'éditeur reste muet.

Cet été, Valve a modifié les conditions contractuelles de sa plateforme Steam, pour réduire les droits de ses clients. Désormais, les joueurs qui sont inscrits sur le service s'engagent contractuellement à ne pas porter plainte contre Valve, et à faire trancher tout litige éventuel par une commission d'arbitrage, que Valve paye (sous certaines limites) et choisit. Les utilisateurs s'engagent par ailleurs à ne pas s'associer à des recours collectifs, ce qui n'est de toute façon pas possible en France.

En soi, ces modifications n'ont pas une énorme importance, et ne sont pas une première. L'an dernier, suite au fiasco des données personnelles qu'il s'était fait pirater, Sony avait pris la même précaution en changeant les conditions d'utilisation du Playstation Network. Mais ceux qui n'acceptaient pas de signer ces nouvelles conditions contractuelles étaient toujours libres de jouer aux jeux qu'ils avaient achetés, minoré de l'accès aux parties multijoueurs.

Lorsqu'il a procédé à sa mise de à jour de contrat, Steam a fait connaître les modifications dans une fenêtre affichée au lancement du service, avec deux boutons : "Je suis d'accord", ou "je ne suis pas d'accord".

Taquins, nous avons décidé de ne pas être d'accord, et de voir ce qui allait se passer. Nous cliquons "Je ne suis pas d'accord". Steam se ferme. Sans aucune explication ni excuse. Au revoir. Bye bye. Adios. 

Et nos jeux vidéo, chèrement achetés sur la plateforme adorée depuis plusieurs années ?

Impossible de les lancer, même pour y jouer en solo. Il faut accepter le nouveau contrat de Steam, ou abandonner toute la ludothèque accumulée sous le régime de l'ancien contrat.

Pourtant, Steam ne se présente pas comme un service de location de jeux vidéo, mais bien comme une plateforme permettant d'acheter les jeux, ce qui supposer d'en conserver la jouissance ad vitam eternam. Le mot "acheter" est omniprésent sur la plateforme :

Toujours taquins, nous avons donc utilisé le service de support de Steam, pour poser une simple question, en qualité de client : "Peut-on être remboursé des jeux précédemment achetés si l'on ne peut plus y jouer parce que l'on refuse l'Accord de Souscription ? Si non, comment faire pour jouer aux jeux déjà achetés ?".

Deux semaines plus tard, alors que le support Steam répond habituellement très vite aux questions de ses clients, nous attendons toujours une réponse :

Compréhensifs, on se dit que le support Steam est peut-être dépassé par notre question. Après tout, il semble que Valve n'a pas prévu le cas où un client aurait un problème d'ordre contractuel à régler. Lorsqu'il faut choisir la catégorie de la question posée, aucune case n'est vraiment appropriée :

Nous décidons donc, en qualité de média, de contacter le responsable des relations presse de Valve, Doug Lombardi, pour lui poser la même question. Vous l'aurez deviné… sans réponse depuis une semaine :

Comme la quasi totalité des joueurs, nous aurions pu cliquer sur "Je suis d'accord" sans même lire le contrat. Ou comme beaucoup d'autres, cliquer sur le bouton sous la contrainte, parce qu'il n'y a pas d'autre choix pour continuer à jouer à des jeux qui, au total, ont parfois coûté plusieurs centaines d'euros, voire plusieurs milliers pour les plus gros consommateurs.

Mais il y a des questions de principe.

Qu'ajoutera Steam à ses contrats, demain, que l'on ne pourra pas refuser ? Et que vaut un contrat dont la signature est obtenue sous la contrainte (juridiquement, pas grand chose) ?

Avec cette politique, Valve crée un précédent des plus critiquables.

Et son silence montre soit de l'embarras, soit du mépris.


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