L’activation par défaut du protocole Do Not Track dans Internet Explorer 10 a surpris, puisque l’on attendait pas Microsoft en si grand protecteur de la vie privée des internautes. Mais la firme de Redmond espère bien tirer profit de la mesure…

Au début du mois, Microsoft a annoncé que par défaut, le navigateur Internet Explorer 10 intégré dans Windows 8 bloquerait le pistage publicitaire en adoptant le futur standard Do Not Track (DNT) développé par le W3C. La firme de Redmond devenait ainsi le premier éditeur de navigateur à activer par défaut une mesure présentée comme protectrice de la vie privée.

Mais Microsoft n’est pas désintéressé. Tout comme Google, qui prévoit d’intégrer le DNT à son navigateur Chrome, le système est aussi une manière d’avoir une meilleure emprise sur la concurrence. C’est ce qu’explique très bien à ZDnet l’avocat Etienne Drouard, spécialisé dans le droit de l’informatique.

En effet, Microsoft et Google sont éditeurs de services en ligne parmi les plus populaires du monde, quasiment incontournables pour des centaines de millions d’internautes (MSN, Hotmail, YouTube, Google.com, Gmail, Office Live,…). Or, « ces entreprises sont également de grosses régies publicitaires » et « lorsqu’un éditeur de logiciels se positionne sur des enjeux réglementaires aussi sensibles que la vie privée, c’est notamment parce qu’il espère en retirer de la valeur, en particulier sur un plan concurrentiel, pour ses autres activités« .

En bloquant par défaut les régies publicitaires qui souhaitent poser leurs cookies sur le navigateur de l’internaute, Microsoft miserait sur le fait que les utilisateurs accepteront de faire une exception au DNT pour accéder à ses propres services. Or une fois l’exception pour Microsoft acceptée, toutes les publicités ciblées gérées par Microsoft seraient autorisées. C’est la même logique avec les Adsense de Google. Les concurrents ne seront pas éliminés, mais fortement bridés dès lors qu’ils n’ont rien pour convaincre les internautes de laisser passer leurs cookies.

Mozilla, qui n’a pas de régie publicitaire, a choisi d’intégrer le Do Not Track dans Firefox sans l’activer par défaut. Les internautes qui ne veulent pas être tracés devront faire la démarche d’activer le DNT.

De son côté, le W3C devrait finaliser le standard DNT d’ici fin 2012. La tendance, poussée par Mozilla, semble être d’interdire l’activation par défaut du système. Microsoft pourra toujours passer outre la recommandation, mais il ne pourra pas prétendre alors qu’il respecte le standard.


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