Le cinéma français est connu pour ses films humoristiques, et le président de Gaumont s’y connaît en humour. Sa dernière blague en date : le cinéma français n’aurait connu aucun téléchargement illégal pendant toute la dernière moitié de l’année 2011. Excellente. Vite, une autre !

Alors que la loi Hadopi qui fixe le fonctionnement de la riposte graduée doit être révisée dans les prochains mois, le président de Gaumont a tenté fin mars d’établir un bilan de la lutte contre le téléchargement illicite, pour appuyer son maintien.

Et il faut le confesser, les mesures prises contre le piratage sur Internet sont redoutablement efficaces. Jamais politique publique n’aura donné de tels résultats.

En tout cas si on veut bien croire l’incroyable.

Dans un message adressé à ses troupes et exhumé par PC Inpact, Nicolas Seydoux – qui est également le président de l’association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA) – a en effet affirmé sans crainte du ridicule « qu’aucun film français n’a été téléchargé sur le web » entre le 15 mai et le 15 décembre 2011. Autrement dit, pas un seul film issu de l’industrie cinématographique française n’aurait été piraté pendant 7 mois.

Pas un !

C’est à se demander où était Nicolas Seydoux ces derniers mois. Car il n’est pas bien difficile de vérifier par soi-même que de nombreux films français sont échangés entre internautes : il suffit de se connecter à n’importe quel tracker BitTorrent, de se rendre sur un hébergeur spécialisé ou d’aller sur eMule.

Cette affirmation est complétement déconnectée de la réalité, mais aussi des propres données résumant l’activité de l’ALPA pour 2011.

En effet, Nicolas Seydoux explique que l’association « a détecté 110 millions d’incidents et envoyés 8,7 millions de procès-verbaux à l’Hadopi« , pour le seul secteur audiovisuel. On peine à croire que sur ce volume aucun incident ne concerne le piratage d’un film français. Ou alors, l’ALPA doit très vite revoir ses méthodes de travail car elle fait preuve d’une grande négligence pour ses nationaux.

Mais qu’importe. Nicolas Seydoux considère que la politique anti-piratage actuellement menée engendre des résultats formidables. Les ayants droit estiment ainsi que le « téléchargement illicite a diminué de 30 % en France et ceux du cinéma, plus optimistes, de 50 %« , ajoutant que « le téléchargement licite des films a vu son audience sensiblement doubler depuis la fermeture de nombreux sites de streaming illicite« .

L’essentiel, c’est d’y croire.


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