Dès jeudi soir après l’annonce de la fermeture de MegaUpload par les autorités américaines, les Anonymous ont attaqué certaines cibles symboliques en représailles. Ce n’est pas une première, mais cette fois une cyberguerre a commencé.

Mise à jour : Voir notre analyse de l’acte d’accusation

C’est sûr, il y aura un avant et un après MegaUpload. Non pas pour le piratage, qui trouvera refuge ailleurs comme il l’a toujours fait depuis la fermeture de Napster en 2001. Non pas pour l’offre légale, pour laquelle les ayants droit trouveront toujours des prétextes à ne pas en favoriser le développement. Mais pour la traduction des rapports de force sur Internet entre les pouvoirs publics et les internautes.

En s’attaquant à MegaUpload, ça n’est pas seulement un site utilisé par les internautes pour accéder à des contenus illicites qui est visé par une procédure judiciaire. C’est l’un des tous premiers sites les plus visités au monde qui est brutalement fermé pour l’ensemble du globe par les autorités américaines, alors-même que l’ensemble des protagonistes arrêtés et mis en examen n’ont aucun rapport avec les Etats-Unis et sa législation. Et alors-même que beaucoup d’utilisateurs, certes très certainement minoritaires, utilisaient les services de MegaUpload pour stocker des contenus personnels ou professionnels auxquels ils ne peuvent plus aujourd’hui accéder.

L’affaire MegaUpload fera prendre conscience du pouvoir immense qu’ont les autorités sur le moindre site internet dont ils peuvent provoquer la mort du jour au lendemain, en saisissant ses serveurs et ses noms de domaine. C’est aujourd’hui MegaUpload, mais chacun sent bien qu’un tabou est tombé et que d’autres sites pourront suivre et suivront.

Menée au lendemain du blackout contre la loi SOPA, l’opération ressemble déjà à la goutte d’eau qui provoquera une véritable cyberguerre civile mondiale entre internautes activistes qui se sentent de plus en plus censurés sur l’internet qu’ils ont fondé, et les pouvoirs publics qui veulent préserver une certaine conception de l’ordre public. Il n’est pas surprenant que dès l’annonce de la fermeture de MegaUpload par le FBI, les Anonymous se sont mis en action avec virulence pour attaquer et mettre à bas certains des sites les plus symboliques, devenus immédiatement inaccessibles :

  • Justice.gov
  • RIAA.org
  • MPAA.org
  • UniversalMusic.com
  • Hadopi.fr

Il est à parier que cette liste n’est qu’un début et que les attaques durent longtemps. Ca n’est pas seulement MegaUpload et ses dirigeants qui ont été visés, mais ses centaines de millions d’utilisateurs, parmi lesquels se trouvent nombre des plus actifs dans la protection de la liberté d’expression. Sur Facebook, la page du FBI est prise d’assaut par des internautes aux cris de « Free MegaUpload » (« libérez MegaUpload »), et les actions vont se multiplier.

Vouloir faire respecter l’ordre public sur Internet est on ne peut plus normal de la part des autorités légales. Mais nous sommes convaincus à Numerama que l’ordre public ne sera rétabli en matière de droits d’auteur que s’il y a enfin un retour de balancier qui permette de redonner sa légitimité au droit d’auteur.

Le droit d’auteur ne peut être respecté par l’oppression et la contrainte. Il doit l’être par l’acceptation. C’est tout l’enjeu des années qui viennent. Depuis 10 ans chaque « victoire » contre le piratage n’a fait que générer du piratage plus efficace encore. Rien ne dit ce soir que MegaUpload fera exception. Nous faisons même le pari du contraire.


Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !