La France a besoin de Google pour numériser son patrimoine littéraire. Longtemps réfractaire à l’idée de voir Google participer à un tel chantier, Frédéric Mitterrand a adouci son propos et se dit prêt à travailler avec le géant du web.

Les tensions entre Google et le gouvernement français appartiennent visiblement au passé. Depuis le sommet de l’eG8 organisé au printemps, le pouvoir exécutif et le moteur de recherche se sont fortement rapprochés. En point d’orgue, l’inauguration des nouveaux bureaux parisiens de Google où Nicolas Sarkozy a vanté la réussite de la firme de Mountain View, tandis qu’Eric Schmidt s’est dit prêt à soutenir la filière culturelle française.

Dans le domaine de la numérisation du patrimoine culturel, notamment littéraire, les rapports entre le gouvernement et le géant du web se sont également apaisés. Dans un entretien accordé à BFM TV, le ministre de la culture et de la communication Frédéric Mitterrand a reconnu que la participation de Google était indispensable pour mener à bien un tel chantier.

« Ce qui est très intéressant c’est de voir que Google a manifestement pris conscience d’un certain nombre d’obstacles juridiques et de comportements qu’il ne fallait pas adopter. Et donc la communication de Google a changé. Il y a un an, chaque semaine on ne savait pas ce qui allait se passer, il y avait une bataille remportée par Google » a-t-il fait remarquer, ravi de le voir prendre en compte les droits d’auteur.

Au point que le ministre n’imagine plus se passer du moteur de recherche pour numériser le patrimoine français. « Et donc se dire que l’on va numériser notre patrimoine, notamment littéraire, sans Google, ce serait une folie. Donc il faut trouver des arrangements qui soient équitables et qui ne soient plus ni secrets, ni totalement exclusifs, ni menés à la hussarde comme dans le passé« .

Le temps où Frédéric Mitterrand était fortement opposé aux projets de numérisation de Google semble donc bel et bien révolu. On se souvient qu’en 2009, le ministre demandait à Google de s’assurer du respect du droit d’auteur, afin de garantir la rémunération des créateurs et la diversité culturelle. Depuis, le ministre a pu s’entretenir avec le directeur juridique de la firme pour lui faire part de ses inquiétudes.

Le ministre de la culture n’était pas le seul à se montrer hostile aux ambitions de la firme américaine. Fin 2009, Nicolas Sarkozy était également monté au créneau pour dénoncer le projet de numérisation et d’indexation des œuvres littéraires françaises. Le président de la République avait alors prévenu qu’il ne laisserait pas Google dépouiller le pays de son patrimoine.

Depuis, le rapport (.pdf) de Marc Tessier sur la rémunération du patrimoine écrit est passé par là. Celui-ci a notamment lancé la proposition d’un partenariat public-privé avec le géant américain qui permettrait « échange équilibré de fichiers numérisés, sans clause d’exclusivité« . Cela permettrait de partager l’effort de numérisation, « en échangeant des fichiers de qualité équivalente et de formats compatibles« .

De son côté, l’auteur du rapport sur la politique du livre face au défi du numérique, Yann Gaillard, a souligné en 2010 le besoin impérieux de recourir aux entreprises privées pour mener à bien cette mission. « Selon les calculs de la commission des Finances, avec les moyens actuels de la Bibliothèque nationale de France, il faudrait environ 750 millions d’euros et 375 ans pour numériser l’ensemble des ouvrages« .

La numérisation du patrimoine est avec le déploiement du très haut débit l’un des grands dossiers des investissements d’avenir. Sur les 4,5 milliards d’euros dédiés au volet numérique, 750 millions ont été assignés à ce chantier.


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