Le député UMP Gilles Carrez, rapporteur général du projet de loi de finances à l’Assemblée Nationale, propose de supprimer le report des crédits inutilisés de la Carte Musique destinée à financer pour moitié les dépenses de musique en ligne des jeunes de 12 à 25 ans. Il estime que cette aide aux industries musicales n’est pas justifiée, qu’elle est octroyée « au détriment du redressement des comptes publics », et qu’elle ne répond pas à l’objectif d’aide à la création.

Mise à jour : les députés ont adopté mardi soir l’amendement du rapporteur général Gilles Carrez. Les crédits non utilisés ne seront donc pas intégralement reversés sur le budget 2012 dédié à la Carte Musique, mais remis dans les caisses de l’Etat. Ce qui représente une économie de près de 11 millions d’euros selon les estimations, soit presque autant que le budget annuel de l’Hadopi.

Article du 15 novembre 2011 – Il y a bientôt deux ans, nous avions utilisé un vocabulaire rarement aussi fleuri pour dénoncer ce qui n’était alors qu’un projet de Carte Musique Jeune. « La moitié du montant de la « carte musique » sera financé par l’Etat, donc par le contribuable, donc par les impôts« , écrivions-nous. Or il nous apparaissait qu’il y avait là un problème de cohérence dans les valeurs républicaines défendues par le président Nicolas Sarkozy. « C’est vraiment se foutre de la gueule des Français, après le bouclier fiscal et les honneurs faits à Johnny Hallyday qui a chanté au 14 juillet sous la Tour Eiffel pendant qu’il organisait la fuite de ses capitaux. (…) Faire payer aux contribuables en temps de crise et de déficit alarmant des ressources publiques une aide supplémentaire qui ira notamment dans les poches de Johnny Hallyday, c’est insulter la République et ses valeurs« , jugions-nous. Quelques mois plus tard, nous apprenions que la carte serait dotée d’un budget de 75 millions euros répartis sur trois ans.

Deux ans plus tard, force est de constater que la crise budgétaire est encore plus pregnante, ce qui rend la Carte Musique plus indécente encore. Heureusement, son échec est patent. Il aurait pu être évité en écoutant les réactions des jeunes que le gouvernement avait sondés, mais il s’est confirmé de mois en mois, ajoutant le ridicule au grotesque. Au point que le budget réservé à la Carte Musique est majoritairement resté dans les caisses, et qu’il s’apprête à être dépensé dans une grande campagne médiatique. Le gâchis continue.

C’est ce que dénonce le rapporteur général de la commission des finances à l’Assemblée Nationale, Gilles Carrez, qui a déposé un amendement au projet de loi de finances pour 2012 qui prévoit de supprimer le report des crédits inutilisés. « En pratique, il s’agit de supprimer, sur les 20 millions d’euros de report au bénéfice du financement de la  » carte musique « , un montant estimé à 10,9 millions d’euros« , explique-t-il.

Le député estime que le report des crédits de la Carte Musique n’est pas justifié. « D’une part, il semble que cette mesure n’a pas produit les effets escomptés puisque, sur 25 millions d’euros de dépenses prévues pour 2011, les deux tiers n’ont pas été consommés faute d’attirer suffisamment les jeunes internautes. D’autre part, même si l’objectif initial paraît louable, il peut aujourd’hui paraître incongru de subventionner l’achat de musique en ligne qui se traduit, en pratique, par un effet d’aubaine au détriment du redressement des comptes publics. Enfin, le dispositif actuel n’est pas ciblé sur la création artistique française, ni même sur les nouveaux talents, de sorte qu’il ne répond pas à un éventuel objectif de soutien à la création« .

On n’aurait pas dit mieux.

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