Juif ou pas juif : la Licra veut qu'Apple efface à distance l'application
L'affaire de l'application Juif ou pas juif est en train de prendre un tournant judiciaire.
Désireux de calmer le jeu, Apple a depuis accepté de retirer l'application de la version française de la boutique, reconnaissant qu'elle allait à l'encontre de la législation locale.
Juif ou pas juif reste toutefois accessible sur les App Store d'autres pays et les mobinautes ayant déjà téléchargé l'application peuvent encore l'utiliser. Une situation inacceptable pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), qui a annoncé vendredi assigner Apple en référé.
"La Licra a constaté que cette application demeure toutefois accessible pour les utilisateurs qui l'avaient déjà téléchargée". L'association réclame en conséquence que la marque à la pomme "soit contrainte de mettre fin sous astreinte au trouble manifestement illicite généré par ce qui demeure un 'fichier juif'". Une audience est prévue devant le juge des référés du TGI de Paris le 6 octobre prochain.
Interrogé par le Nouvel Observateur, le président de la Licra a précisé les intentions de l'association. "Nous demandons qu'Apple supprime ce fichier ethnique des périphériques de toutes les personnes qui ont téléchargé l'application. C'est faisable techniquement. Et si Apple refuse, alors le juge devra se prononcer pour une suppression de ce fichier illicite sous contrainte".
Apple dispose en effet des outils nécessaires pour supprimer à distance les applications installées sur un périphérique. Le mécanisme, prévu pour des cas spécifiques, peut être mis en œuvre lorsqu'une application peut endommager des données ou affecter le téléphone. Il peut également servir dans le cadre d'une décision de justice, afin de retirer un programme illicite.
Parallèlement à l'action menée en justice contre Apple, la Licra a indiqué au Nouvel Observateur que le parquet doit "très prochainement être saisi d'une plainte au pénal contre l'auteur de l'application". Selon l'article 226-19 du Code pénal qui traite du fichage, l'auteur de l'application risque jusqu'à 5 ans de prison et 300 000 euros d'amende. Près de 3 500 personnes sont recensées dans l'application Juif ou pas juif.