Le Quai d'Orsay boycotte Wikileaks et la presse qui en parle
Deux députés, M. Dino Cinieri (UMP) et Mme Danielle Bousquet (PS), ont posé au ministère des affaires étrangères deux questions proches portant sur le Turkménistan.
Entre temps, en décembre 2010, c'est Le Monde qui avait révélé des câbles diplomatiques obtenus de Wikileaks, dans un article intitulé : "WikiLeaks : le paradis turkmène de Bouygues". Le quotidien dévoilait "le statut privilégié de Bouygues" dans cette dictature corrompue où règne "un culte de la personnalité ahurissant", assis notamment sur de phénoménales constructions architecturales confiées au fleuron industriel français. "L'ambassade de France ne s'engage pas sur les questions de liberté religieuse ou des droits de l'homme, pour ne pas compromettre Bouygues", constatait l'embassade américaine dans un télégramme diplomatique.
Dans sa réponse, où il confirme les nombreuses atteintes aux droits de l'Homme au Turkménistan mais prône le dialogue et les "échanges commerciaux et économiques" pour faire évoluer le pays, le ministère cite lui-même la source Wikileaks que n'avaient nommé aucun des deux députés. "Le ministère des affaires étrangères et européennes ne commente pas les contenus du site Internet WikiLeaks et les articles de presse s'y référant", prévient le Quai d'Orsay. Ca n'est pas l'information sur le Turkménistan qui n'est pas commentée, mais bien toute information issue de Wikileaks, que le ministre de l'économie numérique Eric Besson voulait censurer en France.
Cette position prise par Alain Juppé ne semble pas partagée par tout le gouvernement. Au mois de février dernier, le ministère de la Justice avait répondu précisément à un député qui l'interrogeait sur des révélations de Wikileaks concernant des informations livrées par deux magistrats, en possible violation du secret de l'instruction. "La teneur des échanges dont Wikileaks a entendu révéler l'existence relève davantage de considérations sur une thématique générale que de la divulgation d'informations protégées (..) Les propos imputés aux magistrats, tels qu'ils sont rapportés par ce site Internet, n'apparaissent donc pas devoir donner lieu à la conduite d'une enquête judiciaire", avait ainsi nuancé le ministère.