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Faut-il découper Google en morceaux pour garantir sa neutralité ?

Tout moteur de recherche qui a du pouvoir est porté à en abuser. Le plus simple, mais aussi le plus compliqué, serait donc d'éviter les tentations. En faisant que Google ne puisse plus être à la fois moteur de recherche et éditeur de services et de contenus.

Google a réagi mardi à l'annonce de l'ouverture d'une enquête pour abus de position dominante par la Commission Européenne, qui suspecte le moteur de recherche de favoriser ses propres services au détriment de ceux des éditeurs qu'il indexe. Il s'agit d'un sujet qui suscite de plus en plus de préoccupations, puisque Google ajoute régulièrement des services à son métier originel d'indexeur de l'information éditée par d'autres. Sa neutralité est mise en cause, puisqu'il a tout intérêt à mettre en avant dans ses résultats les contenus et les services qu'il propose, plutôt que ceux des éditeurs qui lui font concurrence. Or lorsque l'on pèse plus des trois quarts du marché de la recherche, le risque d'abuser de cette position dominante est effectivement important.

Sur le blog de Google dédié aux politiques publiques européennes, la firme reprend un discours un peu usé pour défendre le secret de ses algorithmes, et son droit à privilégier parfois certains de ses services. "Nous avons toujours mis l'utilisateur au centre de nos priorités en fournissant les meilleures réponses possibles aussi rapidement que possible", rappelle Google, qui explique qu'il affiche effectivement en priorité certains résultats issus de ses services lorsque l'utilisateur recherche par exemple une carte, la météo, le cours d'une action ou le résultat d'une conversion ("10 dollars en euros", par exemple). "Dans l'avenir, nous devrons être capables de répondre à des questions beaucoup plus complexes tout aussi rapidement et clairement", ajoute le moteur de recherche.

"Nous concevons Google pour les utilisateurs, pas pour les sites web", rappelle également la société américaine, qui énonce une évidence : "tous les sites web ne peuvent pas arriver en tête" des résultats. 

Mais il ajoute que "la chose la plus importante est de satisfaire nos utilisateurs". Or c'est bien le problème. Google est-il le mieux placé pour juger lorsque l'on recherche le nom d'une ville qu'afficher les Google Maps est plus satisfaisant que les Bing Maps, ou les OpenStreetMaps ? Est-il le mieux placé pour juger que lorsque l'on recherche les horaires de cinéma à Paris, afficher ses propres horaires est plus intéressant que ceux affichés par Allociné ou Cityvox ?

Google se fait juge et partie, et les choses risquent d'aller de mal en pis. Pas de s'améliorer. Il le reconnaît lui-même, dans son ode à l'innovation. "Nos résultats évoluent constamment pour aller d'une liste de sites web à quelque chose de beaucoup plus dynamique. Aujourd'hui il y a le contenu en temps réel, le contenu traduit automatiquement, le contenu local (particulièrement important pour les appareils mobiles), les images, les vidéos, les livres, et beaucoup d'autres choses (...) En restant concentré sur l'innovation, nous pouvons continuer à améliorer encore la recherche, pour le bénéfice des utilisateurs partout dans le monde", explique la firme.

Or l'enfer est pavé de bonnes intentions. Microsoft pensait certainement qu'intégrer Internet Explorer à Windows était une bonne chose pour les utilisateurs, avant que la justice l'oblige à faire marche arrière au terme d'une procédure extrêmement longue. En attendant, la prédominance d'Internet Explorer a retardé l'innovation sur le web. Elle ne l'a pas encouragé. 

Il en sera de même avec Google si les services plus innovants que les siens n'ont aucune chance d'être découverts par les utilisateurs qui ont leurs habitudes avec le moteur de recherche qu'ils utilisent systématiquement. Non seulement les utilisateurs ne les découvriront pas, mais les développeurs ne prendront plus la peine d'essayer de les développer.

A l'image de ce qu'avait décidé le gouvernement américain à l'encontre des studios de cinéma, qui ont eu l'interdiction de posséder les salles qui diffusaient les films, une solution pourrait être d'obliger Google à scinder ses activités, pour mettre fin à la tentation. D'un côté son activité de moteur de recherche. De l'autre son activité de fournisseur de services et de contenus. Mais y aura-t-il assez de courage politique pour s'attaquer à un monstre économique qui pèse 180 milliards de dollars ?