Google va-t-il se poser en sauveur du codec vidéo libre en passant VP8 en open source ?
Pour l'instant, aucune déclaration officielle n'est venue confirmer l'information.
Il faut remonter à l'été 2009 pour voir les prémices du débat sur le choix du codec qui sera supporté par les navigateurs web. À l'époque, le consortium du W3C fit cruellement défaut en annonçant qu'il supprimait purement et simplement les clauses désignant les codecs dédiés à l'affichage des contenus en HTML 5. "Avec regrets je suis arrivé à la conclusion qu'il n'y a pas de codec adapté que tous les éditeurs sont prêts à implanter et à livrer" avait déclaré Ian Hickson, l'un des principaux auteurs du draft du HTML 5.
À ce moment-là, deux grands camps se sont formés : d'un côté, nous avions les aficionados de la solution libre et gratuite Ogg Theora, format actuellement soutenu par Dailymotion, la fondation Mozilla et Opera, tandis qu'en face nous retrouvions les adeptes du format H.264, codec propriétaire et payant, mais qui avait reçu un soutien plus ou moins explicite d'importants acteurs du web et du marché des navigateurs : YouTube, Vimeo, Safari, Internet Explorer et Chrome.
Or, si les grandes sociétés des TIC peuvent se permettre de payer la licence du codec H.264, ce n'est malheureusement pas le cas des structures plus petites. Pour la fondation Mozilla, opter pour ce format entamerait gravement ses ressources. D'où une résistance pour le moins acharnée, à la fois pour des considérations économiques (une licence particulièrement chère) et idéologiques (Mozilla refuse autant que possible de soutenir des solutions non-libres).
Alors, quand Google a annoncé l'acquisition d'On2, l'espoir d'une solution rapide à ce dilemme est apparu : "comme beaucoup d'autres, j'ai de bonnes raisons de croire que le H.264 ne sera pas le choix définitif de Google. Il y a une bonne raison à cela : ils sont en train d'acheter On2. Cette dernière a des technologies qui sont supposées être de meilleure facture que le H.264. Google dispose des droits sur ces technologies, alors il y a de grandes chances qu'ils s'en servent afin de promouvoir leurs contenus et qu'ils proposent une licence adaptée avec le web" avait écrit sur son blog Chris Blizzard, l'un des membres de la fondation Mozilla.
L'enjeu du codec vidéo en HTML 5 est particulièrement important. Comme nous l'écrivions le mois dernier, il faut se souvenir que Google a réparti intelligemment ses billes pour pouvoir peser à tous les niveaux. Non seulement la firme de Mountain View développe le navigateur web Chrome, mais en plus elle est possède YouTube, qui est jusqu'à présent la principale plate-forme de vidéos au monde.
En apportant un soutien au codec H.264, Google pourrait créer un effet boule de neige chez les autres navigateurs et plates-formes vidéos, afin de suivre la tendance. Parallèlement à cela, ceux optant pour des solutions alternatives risquent d'être marginalisés. Si les internautes sous Firefox ou Opera ne peuvent plus profiter de YouTube, ils risquent fort d'aller voir ailleurs pour continuer à profiter des contenus disponibles sur le web.