Heureusement pour Michel Barnier que la bêtise n'est pas un délit, contrairement au piratage
Commissaire européen au marché intérieur et aux Services depuis le mois dernier, l'ancien ministre Michel Barnier commence fort son mandat, comme le rapporte PC Inpact.
La véritable bêtise de Michel Barnier, c'est de reprendre publiquement à son compte l'étude de TERA Consultants que nous avions dénoncée, qui est plus caricaturale et immonde encore que le rapport Gallo. Car non seulement le rapport de TERA transpire d'un lobbysime affligeant, mais il est en plus truffé d'une mauvaise foi méthodologique qui devrait donner honte à ceux qui osent le citer. C'est d'ailleurs peut-être pour cela que Michel Barnier en cite les principales conclusions sans oser donner le nom de sa source :
"Le piratage sur internet porte atteinte à la croissance et à l'emploi qui sont au coeur de la stratégie Europe 2020", a ainsi déclaré le commissaire européen. "Les industries créatrices contribuent pour 7% au PIB de l'Union européenne, fournissent 14 millions d'emplois. On a calculé que le piratage en 2008 sur Internet a coûté 186 000 emplois et pourrait en 2015 provoquer directement ou indirectement la perte de plus d'un million d'emplois".
Ce n'est même pas stupide, mais grave. Lorsqu'il affirme cela en tant que Commissaire européen devant une commission du Parlement Européen sans prendre la moindre distance, sans y mettre le moindre conditionnel, Michel Barnier fait de ces chiffres une donnée validée par la Commission Européenne.
Or ces donnnées bidonnées sont issues d'une communication de propagande commandée par un lobby privé, la Chambre de Commerce Internationale (CCI), qui fédère des centaines de milliers d'entreprises dans le monde, et qui n'a absolument rien d'une organisation internationale publique comme son nom peut le laisser croire.
Plus précisémment, ces données et conclusions reprises par Michel Barnier comme issues de la Commission Européenne ont été commandées à TERA Consultants par la section BASCAP (Business Action to Stop Counterfeiting and Piracy, tout un programme) de la CCI, qui est présidée par Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi. Un gage de neutralité, c'est certain.