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Hadopi 3 : le torchon brûle entre Zelnik et les majors du disque

Auteur du rapport sur le développement de l'offre légale en ligne, prélude à une Hadopi 3 souhaitée par Frédéric Mitterrand, le producteur Patrick Zelnik a reproché aujourd'hui aux majors de vouloir "rabaisser le débat au niveau du caniveau". Le SNEP a laissé entendre que Zelnik avait fait des propositions qui étaient favorables à son label Naïve, et non bénéfiques à la filière tout entière. Un soupçon qui aurait été évité avec le choix d'un rapporteur extérieur à la profession.

Soyons honnête, lorsque le rapport sur le développement de l'offre légale a été demandé par Frédéric Mitterrand au producteur de disques Patrick Zelnik, nous étions les premiers à critiquer sévèrement cette mission. Nous pensions les conclusions écrites d'avance, avec la taxation des FAI en mesure phare. En fait, Patrick Zelnik, Jacques Toubon et Guillaume Cerruti ont osé rejeter l'idée d'une taxe qui ne serait assortie d'aucune contrepartie pour les internautes, et au contraire proposer que les majors aient l'obligation de fournir leur catalogue à qui le demande, à des conditions financières égales pour tous les marchands. Surprise supplémentaire, Nicolas Sarkozy s'est dit favorable à cette idée de licence de gestion collective, et intimé les majors de se mettre d'accord d'ici un an.

Immédiatement, les majors sont montées au créneau. Le plus célèbre des patrons de maisons de disques, Pascal Nègre, s'est félicité de l'indécente Carte Musique financée par le contribuable, mais aussitôt rejeté la demande de licence collective.

Hier, c'est le patron du Syndicat National de l'Edition Phonographique (SNEP), David El Sayegh, qui a fait monter d'un cran l'opposition des majors qui voient le boomerang leur revenir en pleine face. "Je me demande si, sous couvert de taper sur les majors, ce n'est pas un tacle très sévère contre de nouveaux acteurs. Je pense que quelque part, ça l'arrange, parce qu'en imposant la gestion collective, il écarte les agrégateurs", a-t-il déclaré à l'encontre de Patrick Zelnik, président du label indépendant Naïve. La licence collective retirerait en effet leur intérêt aux agrégateurs de musique indépendante, qui négocient le placement des catalogues des labels sur différentes plateformes moyennant commissions. 

Réponse de l'intéressé ce jeudi dans L'Express : "Ce genre de propos ne renvoie pas une bonne image de la profession. Le Snep rabaisse le débat au niveau du caniveau. Ce sont des déclarations ridicules à la limite de la diffamation et je souhaite que David el Sayegh retire ses propos".

Patrick Zelnik en profite pour remettre une couche contre les majors, véritables cocues de l'Hadopi 3 qu'avait souhaité Frédéric Mitterrand et que les grandes maisons de disques pensaient leur être favorables. "Aujourd'hui les majors font payer des avances importantes aux sites de streaming ou prennent des participations en contrepartie de l'accès à leurs catalogues. Ils tentent aussi de vendre très cher des contenus exlcusifs aux opérateurs mobiles. A chaque fois, c'est un flop. Après tant d'échecs, comment peuvent-ils encore jouer aux donneurs de leçon?", se demande Zelnik. 

Pour lui, le manque de dynamisme du marché musical en ligne n'est pas dû qu'au piratage, "mais aussi à la forte concentration du marché avec quatre majors (Warner Music, Emi, Universal Music, Sony) et peut-être bientôt trois". "La concentration dans l'industrie musicale a tué le disque. On ne va pas faire la même chose dans l'univers numérique".

Reste que la polémique entre Zelnik et le SNEP n'aurait jamais eu lieu si de simples règles de bon sens avaient été respectées par Frédéric Mitterrand. Comme nous l'avions dit lors de sa désignation, le fait de nommer Patrick Zelnik à la tête d'une mission sur le piratage et le développement de l'offre légale était "comme si l'on avait demandé à Jérôme Kerviel de présider une commission sur le plafonnement des bonus pour les traders, ou à Michel Edouard-Leclerc de chapoter une mission sur la pression des centrales d'achat des grandes surfaces sur les marges des agriculteurs". Les conflits d'intérêts, réels ou supposés, étaient inévitables.