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Le MP3 est-il un simple fichier jetable ?

L'étude MusicalWatch Digital du NPD Group, qui nous informait déjà du recul des plateformes payantes, possède en outre des informations très pertinentes sur le rapport du public au format MP3. On y apprend en effet que le populaire format de Thomson est entrain de baisser en volume sur les disques durs, au profit des formats WMA de Microsoft et AAC d'Apple. Au delà des chiffres, ces tendances montrent un changement de comportement des internautes face à la musique numérique.

Le pourcentage de fichiers musicaux au format MP3 présents sur les disques durs des internautes est passé de 82% à 72% en un an, révèle le NPD Group qui sonde en permanence les contenus téléchargés par 40.000 individus volontaires. A l'inverse, le format Windows Media Audio (WMA) du géant Microsoft a doublé en popularité. Représentant 10% des fichiers audio en mars 2003, les morceaux encodés en WMA comptent désormais pour près de 20% de l'ensemble des titres stockés sur les disques durs des internautes.

Le format AAC promu par Apple et son iPod semble lui aussi réaliser une belle percée. Véritablement apparu seulement à la fin de l'année 2003 sous Windows, avec la sortie d'iTunes sous l'environnement de Microsoft, l'AAC comptait déjà pour plus de 4,3% des fichiers audio dans le dernier MusicalWatch Digital.

Encore anecdotiques, les autres formats tels que l'Ogg Vorbis, l'ATRAC3, le Monkey Audio ou le FLAC (Free Lossless Audio Codec) représentent quant à eux 3,9% des titres.

A quoi donc attribuer cette baisse du MP3 ?

Les majors de l'industrie du disque sauront certainement se congratuler et indiquer que ces chiffres reflètent une prise de conscience des internautes de l'importance d'acheter des morceaux sur les plateformes légales qui livrent toutes des fichiers protégés au format WMA, à l'exception d'Apple et son AAC - n'oublions pas non plus Sony et son ATRAC3... Après tout, le SNEP et la SCPP ont osé justifier leurs actions judiciaires en prétendant que grâce à elles la proportion de fichiers MP3 échangés diminuait, ce qui d'après nos propres sources semble être faux. 

En réalité, il est difficile d'attribuer le succès des formats WMA et AAC aux plateformes légales. L'iTunes Music Store d'Apple parvient à peine à vendre 4 millions de morceaux par semaine, quand des centaines de millions sont téléchargés et partagés gratuitement tous les jours sur les réseaux Peer-to-Peer. 

Deux raisons peuvent être invoquées pour justifier l'affaiblissement du MP3. La plus évidente, tout d'abord, tient dans la démocratisation de la numérisation des CD, c'est-à-dire la possibilité de copier ses CD sur disque dur. Ce qui était réservé à une poignée de connaisseurs à l'ère de Napster est aujourd'hui largement facilité par des outils accessibles au plus grand nombre. Le Windows Media Player permet ainsi d'encoder ses CD en quelques clics, et bien sûr, le format WMA est le choix par défaut auquel beaucoup d'utilisateurs novices ne prêtent pas attention. Même chose sur iTunes, qui propose d'encoder ses disques au format AAC reconnu par l'iPod. Les consommateurs ne savent probablement pas la différence entre un AAC, un WMA et un MP3. Toutefois ce dernier fait toujours recette dans les ventes de baladeurs. Au niveau marketing, "baladeur MP3" est actuellement bien plus vendeur que "baladeur WMA", ce qui pourrait toutefois changer avec la nouvelle politique "PlaysForSure" de Microsoft (voir ici).

Associé à de nombreux constructeurs, Microsoft tente en effet de reprendre la recette qui a fait succès avec le plug-and-play de Windows 95. Muni du logo "PlaysForSure", le site vendeur de fichiers WMA indique au consommateur que les morceaux achetés se liront "à coup sûr" sur leur lecteur lui aussi équipé du même logo. Une tentative de faire échec à Apple et son AAC, uniquement lisible sur l'iPod. Un coup d'épée dans l'eau selon Tariq Krim, spécialiste de la musique en ligne, qui indique à Ratiatum que Apple possède "92% du marché et que les vendeurs WMA ont toujours mauvaise réputation". "Apple a gagné la guerre", affirme t-il.

Le P2P est un juke-box, non un centre commercial

La seconde raison, invoquée par NPD Group, est plus subtile et se révèle extrêmement intéressante. "Les gens sont toujours entrain de prendre des fichiers MP3 et de les mettre sur des disques durs mais ils les effacent à un rythme plus rapide qu'ils ne les acquièrent", indique Isaac Josephson, un chercheur du MusicalWatch Digital. Il semble que les internautes considèrent que les fichiers au format MP3 sont davantage "jetables" que les autres formats issus de leur rips.

Après une certaine folie de stockage de milliers de MP3 par les internautes, l'humeur est aujourd'hui au destockage. Le NPD estime qu'il y avait environ 742 millions de fichiers MP3 en moins sur les disques durs américains en juillet 2004, par rapport à août 2003. A l'inverse, les fichiers WMA seraient 537 millions de plus. Le P2P devient donc une grande médiathèque dans l'esprit des utilisateurs, sur laquelle on peut télécharger plus tard ce que l'on vient d'effacer.

Plus personnel, le rip, c'est-à-dire la copie réalisée sur son disque dur à partir d'un CD, est-elle davantage ancrée sur les disques durs, car même si les morceaux sont les mêmes, les internautes se disent certainement que ce qu'ils téléchargeront à nouveau ne sera pas "leur rip".

Sommes nous attachés à nos propres fichiers ? C'est peut-être une piste de réflexion intéressante pour créer des services payants à valeur ajoutée...