Elinor Ostrom, la première femme Prix Nobel de l’Economie, défend la propriété collective du plus grand nombre contre l’appropriation par un petit nombre des biens matériels et immatériels.

Le mois dernier nous publions un article sur deux Prix Nobel d’Economie, Paul Krugman et Joseph Stiglitz, qui mettaient durement en cause la luttte contre le piratage sur Internet, et plaidaient pour la liberté de l’accès aux œuvres et au savoir. Aujourd’hui, c’est Elinor Ostrom qui devient la première femme de l’histoire à être récompensée par le prix Nobel d’économie. Elle aussi défend une vision assouplie de la propriété intellectuelle.

Professeur à l’université d’Indiana, Elinor Ostrom a, selon le comité Nobel, « démontré comment les co-propriétés peuvent être efficacement gérées par des associations d’usagers« . Ses travaux portent essentiellement sur la gestion des communaux, et démontrent que le libre accès à des ressources communes peut avoir une efficacité économique plus forte que l’appropriation des biens par un petit nombre.

Ces dernières années, Ostrom s’est beaucoup intéressée au cas des « commons » dans l’accès à l’information, en particulier scientifique, à l’ère numérique. Ainsi, dans un article co-rédigé avec Charlotte Hess en 2001, Elinor Ostrom s’était inquiétée du fait que « des informations qui étaient autrefois ‘librement accessibles’ sont désormais de plus en plus privatisées, surveillées, chiffrées et restreintes« .

« La fermeture est causée par les conflits et les contradictions entre les droits de propriété intellectuelle et les capacités étendues des nouvelles technologies« , écrivait-elle.

En conclusion, l’article affirmait que « les gouvernements, les forces du marché, les éditeurs, et les bibliothèques universitaires traditionnelles peuvent avoir une influence, mais ne peuvent pas arrêter le mouvement international de l’information distribuée (…) Les caractéristiques physiques et virtuelles de l’information numérique distribuée ont créé un type d’artifact d’information totalement nouveau« .

Jamais cependant Elinor Ostrom ne défend dans ses travaux la suppression de toute propriété, qui serait une hérésie économique. Elle met en avant une sorte de co-gestion au bénéfice du plus grand nombre. En somme, elle défend la co-propriété des biens communs lorsqu’ils peuvent bénéficier au plus grand nombre, mais prévient qu’une telle co-propriété a besoin pour être efficace de règlements de co-propriétaires qui soient respectés.

Ce qui est le rôle des licences libres de type Creative Commons ou GPL, que les tribunaux font désormais respecter.

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