Si les petites nations peuvent s’accommoder avec trois opérateurs, les pays plus vastes comme la France devraient plutôt disposer de quatre opérateurs de téléphonie mobile. C’est du moins ce qu’estiment différents analystes, qui soulignent par ailleurs un mouvement de concentration en Europe, où le nombre d’opérateurs par pays tourne désormais plutôt autour de quatre.

Jusqu’à présent, la situation française faisait figure d’exception dans le monde de la téléphonie mobile. Alors que la plupart des pays européens avaient attribué dès le départ un grand nombre de licences, la France tranchait nettement avec les trois opérateurs que sont Orange, SFR et Bouygues. Pourtant, dans ces deux cas de figure, nous assistons à la même convergence autour d’une configuration où un marché national serait partagé entre quatre opérateurs de téléphonie mobile.

En effet, si les analystes estiment que le marché français ne favorise guère une bonne concurrence, un système a cinq ou six opérateurs connait également certaines limites et le marché tend en réalité vers une concentration des acteurs. Or, l’arrivée d’un quatrième opérateur de téléphonie mobile en France intervient justement au moment où ce mouvement est à l’œuvre dans plusieurs pays européens.

En Allemagne, sur les six licences 3G qui ont été concédées, seuls quatre opérateurs ont véritablement déployé des services. Même situation en Italie, avec cinq licences initialement accordées. Pour les Pays-Bas, trois opérateurs de réseau sont aujourd’hui en activité alors qu’à l’origine, cinq licences avaient été attribuées. En effet, KPN avait effectué plusieurs rachats dans les années précédentes, comme Telfort en 2005 et T-Mobile en 2007 (cette dernière étant la filiale d’Orange).

Au Royaume-Uni, si le marché est toujours composé de cinq opérateurs, une poursuite de la concentration n’est pas à écarter. « T-Mobile chercherait à se désengager du marché britannique, Une des hypothèses est que ce réseau soit repris par un des opérateurs existants. Hutchison chercherait aussi à se séparer de ses activités, en Italie et au Royaume-Uni« , explique un analyste.

Cette concentration va-t-elle affecter le nouvel arrivant français ? Pour Didier Pouillot, de l’Institut de l’Audiovisuel et des Télécoms en Europe (IDATE), pas nécessairement, même si le secteur connait un ralentissement de la croissance : « aujourd’hui, l’équilibre se fait plutôt aux alentours de trois ou quatre opérateurs de réseau » explique-t-il. « Des marchés ont su montrer qu’il y avait de la place pour quatre licences« . Mais pour Ian Fogg, analyste chez Forrester, la manœuvre sera délicate pour le nouvel arrivant : « le problème [pour le futur opérateur] est que le marché est relativement mature. La plupart des gens ont déjà un mobile. Il y a une opportunité, mais les conditions sont difficiles« .

Quand à la situation des MVNO (Mobile Virtual Network Operator – opérateurs mobiles virtuels qui louent le réseau), c’est sans doute la plus difficile. « Plus que les opérateurs classiques qui possèdent une licence et leur propre réseau, ce sont les MVNO qui souffrent » estime Ian Fogg. En France, leur présence est marginale (5 % de parts de marché), en partie causée par une arrivée tardive sur un marché déjà bien occupé.

La capacité d’un MVNO ne percer véritablement sur le marché laisse sceptique les analystes : les Pays-Bas, longtemps présentés comme un pionner dans le domaine, ont connu une chute de 17 % entre début 2007 et fin 2008. Aujourd’hui, ils n’en détiennent que 8 %. Et cette décrue semble aussi se retrouver dans d’autres pays souligne Didier Pouillot.

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