Le fournisseur d’accès à Internet Virgin Media, l’un des principaux FAI britanniques, annonce qu’il commencera à brider l’utilisation de BitTorrent l’année prochaine. Il rejoint ainsi près d’une dizaine d’opérateurs qui ne souhaitent plus respecter la neutralité des réseaux en Grande-Bretagne.

Alors que le débat américain sur la neutralité du net a été ravivé cette semaine par la révélation des projets de Google, la question de la non-discrimination des applications sur les réseaux des opérateurs de télécommunication semble beaucoup moins sensible en Grande-Bretagne. Le FAI Virgin Media a en effet annoncé cette semaine qu’il mettra en place l’an prochain une technologie de surveillance du réseau qui lui permettra de brider le trafic généré par BitTorrent.

Virgin Media dit vouloir économiser de la bande passante sur son réseau, pour ne pas pénaliser l’ensemble des usagers dont les lignes seraient saturées par les échanges en Peer-to-Peer. Cependant, personne n’y croit. Non seulement la part du P2P dans la bande passante a commencé à chuter sous le poids conjugué des sites de streaming, des newsgroups ou des sites de stockage, mais en plus l’annonce intervient au moment même où Virgin Media lance en Grande-Bretagne une offre de connexion haut débit à 50 Mbit/s, plus de deux fois plus importante que la précédente offre à 20 Mbit/s. On a vu plus cohérent.

En réalité, l’opérateur s’est équipé de routeurs fournis par la société israélienne Allot, capables de faire de l’inspection profonde de paquets (DPI), qui devraient avoir plusieurs applications en dehors du bridage des transferts BitTorrent, y compris lorsque le protocole est crypté. Le FAI a notamment fait part de ses intentions de tester les services de publicité de Phorm, qui analyse les pages web consultées par les abonnés pour leur afficher des publicités personnalisées. De plus, Virgin Media serait en négociation avec les majors du disque pour proposer à ses abonnés un service de Peer-to-Peer légal, où là aussi le trafic serait analysé pour savoir comment répartir les sommes collectées en fonction des œuvres téléchargées. Or un tel service serait en concurrence frontale avec BitTorrent qui, bridé, sera beaucoup moins gênant.

Virgin Media avait déjà été le premier FAI du pays à mettre en place une expérimentation de riposte graduée, en acceptant d’envoyer des e-mails d’avertissement à ceux de ses abonnés soupçonnés de télécharger des contenus illicites sur les réseaux P2P.

Si l’on en croit un listing tenu à jour sur Wikipédia, près d’une dizaine de FAI en Grande-Bretagne aurait déjà mis en place un filtrage de BitTorrent : Biscit, TalkTalk, Eclipse, Pipex, Freedom2surf, PlusNet, BT Broadband et Tiscali.

Aux Etats-Unis, après un long débat, l’opérateur Comcast a été condamné par le régulateur des télécommunications à ne plus brider spécifiquement le protocole BitTorrent. En réponse, les FAI nord-américains abandonnent les forfaits internet illimités pour facturer la bande passante utilisée au delà d’un certain plafond.

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