Un rapport sur le piratage démonté en bonne et due forme
Il y a parfois quelques lectures à côté desquelles il ne faut pas passer.
Dans son texte, Fabrice Epelboin remet les pendules à l'heure. Il commence d'abord par situer les protagonistes, histoire d'éclairer les résultats sous un jour différent. "Equancy, la société qui à commandité le Rapport Hadopi, poétiquement intitulé " Impact économique de la copie illégale des biens numérisés en France ", a pour client, entre autre, la FNAC, qui était dirigée il y a peu par... Denis Olivennes, l'instigateur de la loi Hadopi. De son coté, Tera Consultants, qui a réalisé l'étude, compte Vivendi parmi ses clients". Un gage de sérieux et d'impartialité, que l'on retrouve dans les sources de l'étude : Nielsen/Netrating, le Ministère de la Culture, l'Observatoire de la Musique, le SNEP, le CNC, l'IPI, l'ALPA, Xerfi, GfK, Mediametrie, TF1, M6, France Télévision, Canal+, la FNAC et le SNEP. Un beau mélange de lobbys et d'entreprises culturelles qui ont intérêt à gonfler les chiffres de piratage pour recueillir subventions ou lois favorables à un plus grand contrôle sur l'offre et la demande.
Les études scientifiques représentent uniquement 3 % des sources des données citées par l'étude. Officiellement parce que l' "impact purement économique de la copie illégale en France a été peu étudié". Mais en réalité, c'est que la quasi totalité des études réalisées notamment par le chercheur Patrick Waelbroeck, spécialisé dans la question, conduisent à la conclusion que le téléchargement illégal n'a pas ou que peu d'effet sur l'économie de la culture.
Le rapport sera pourtant brandi par Christine Albanel à l'Assemblée Nationale, comme elle l'a fait au Sénat du sondage à peine orienté qui concluait que 88 % des Français préfèreraient une suspension de l'abonnement à Internet prévue par l'Hadopi qu'une peine maximale de 3 ans de prison prévue par la loi pénale ordinaire. Plus c'est gros plus ça passe.