Les opérateurs mobiles entrent dans une phase de transition délicate à gérer, dans laquelle ils doivent réussir à offrir de nouveaux services de communication enrichis sans cannibaliser les revenus gargantuesques accumulés grâce aux SMS. Nous avions calculé dans une enquête sur le vrai coût des SMS (d’ailleurs reprise amicalement par le magazine Marianne) qu’un SMS facturé en moyenne 10 centime par un opérateur mobile lui coûte environ 0,000017 euros l’unité. Même si le calcul est approximatif, il démontre l’ampleur des marges réalisées et la place stratégique essentielle qu’occupe la messagerie texte dans le shéma économique des opérateurs. Pourtant, le SMS cèdera nécessairement la place à d’autres moyens de communication.

Le cabinet Frost & Sullivan prévoit ainsi que le marché du SMS devrait reculer de 2,9 % par an de 2007 à 2011, pour passer de 16,42 milliards d’euros réalisés l’an dernier en Europe de l’Ouest à 14,59 milliards dans trois ans.

Mais il estime que dans le même temps, le marché des MMS et autres applications de données qui représentaient 7,40 milliards d’euros en 2007 devrait atteindre 24,28 milliards d’euros en 2011, avec un taux de croissance annuel de 34,5 %. Heureusement pour les opérateurs, les MMS devraient donc compenser et même surpasser la perte sur les SMS.

Mais pour combien de temps ?

Apple a par exemple choisi de ne pas donner la possibilité aux utilisateurs de l’iPhone d’envoyer des MMS. Il s’agit moins d’un oubli ou d’une contrainte technique que d’une décision stratégique issue d’une vision à long terme. La firme veut unifier les messageries, et trouve plus pertinent d’envoyer une photo ou une vidéo par e-mail que par MMS. L’iPhone permettant d’envoyer et de recevoir ses e-mails, il est logique de passer par les e-mails pour envoyer des pièces jointes.

D’autant que l’e-mail mobile devient une fonctionnalité standard sur tous les nouveaux téléphones mobiles. Or les forfaits 3G des opérateurs intégrent désormais l’envoi d’un nombre illimité d’emails. De quoi rogner considérablement les marges des opérateurs si l’e-mail mobile devient aussi répandu que le SMS.

Ce qui en France, par un mécanisme absurde de financement croisé, risque de mettre à mal le financement de l’audiovisuel public.


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