Sharman Networks a dévoilé hier sa première campagne de promotion hors-ligne destinée aux principaux journaux ainsi qu’au célèbre magazine musical Rolling Stone. L’éditeur de Kazaa consacre $1 million pour tenter de renverser l’idée que le P2P n’est bon que pour les pirates, et ainsi peut-être de s’assurer une victoire dans le procès qui l’oppose aux industries du divertissement.

Précurseur au niveau de l’exploitation économique du Peer-to-Peer, Sharman est en outre le premier éditeur de logiciel de partage de fichiers à demander ouvertement à la fois aux industriels du divertissement et aux consommateurs de communiquer entre eux. Derrière ce geste socio-politique, Sharman espère bien sûr ouvrir les vannes du succès pour son partenaire AltNet qui diffuse et vend du contenu légal sur Kazaa.

La stratégie de communication de l’éditeur est simple. Une partie des publicités s’adressent directement aux professionnels du divertissement, en leur demandant d’arrêter de considérer leurs consommateurs uniquement comme des pirates. L’autre partie vise elle directement les utilisateurs, sollicités pour exercer un véritable lobbying du nombre sur les maisons de disque et les studios de cinéma afin que l’industrie accepte enfin de mettre de côté ses rancoeurs contre Kazaa et prenne le train de la nouvelle technologie de communication qui s’offre à eux. Les publicités seront ainsi affichées dans les quotidiens et journaux étudiants aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Australie. Bien que principalement hors-ligne (pour la première fois depuis la création de Sharman il y a deux ans), la campagne sera également présente sur des portails Internet, parmi lesquels Yahoo.

Vendre l’image légale du P2P pour mieux vendre via le P2P

AltNet s’est toujours plaint de ne pas recevoir le même traitement de faveur que les autres distributeurs dans ses discussions avec l’industrie du disque et du cinéma. Aucune major n’a encore accepté d’être diffusée légalement sur Kazaa, même avec un système payant épaulé par une gestion des droits anti-piratage, alors que Kazaa représente une base potentielle de plus de 60 millions de consommateurs, dont 4 millions connectés en permanence selon les derniers chiffres. La vente de contenu sur le plus grand réseau P2P actuel se limite donc de façon totalement absurde à des œuvres indépendantes inconnues ou à des jeux-vidéo, ce qui n’est pas la meilleure vitrine pour inciter le client à sortir sa carte bleue.

« Six millions de gens ont embrassé cette technologie comme étant une nouvelle et meilleure manière d’obtenir leurs divertissements. Ce ne sont pas des pirates. Ce sont vos clients« , clame ainsi l’annonce destinée aux industriels. De l’autre côté du miroir : « Certaines choses que vous voulez achetez ne sont pas disponibles parce que les principales maisons de disque et sociétés de cinéma ne pensent pas que vous allez payez. C’est votre chance de dire aux sociétés du disque et du cinéma qu’elles se trompent« .

Une page du site officiel de Kazaa offrira ainsi la possibilité aux utilisateurs de démontrer leur bonne-volonté en achetant les fichiers proposés actuellement par AltNet, et accessoirement d’écrire aux sociétés en cause ou aux représentants politiques au Congrès pour leur demander d’agir. Si les utilisateurs ne répondent pas positivement à cet appel du pied, l’arme dressée par Sharman en prévision d’un procès qui l’accuse de complicité de piratage pourrait cependant se retourner contre elle. Les industriels pourrait en effet encore plus facilement prétendre que les utilisateurs de Kazaa ne sont que des pirates si ceux-ci ne prouvent pas le contraire même lorsque l’on leur en donne l’opportunité. Souhaitons donc tout le succès possible à cette campagne de Sharman, qui ouvre peut-être le bal à une série d’actions similaires de la part de toute la communauté du P2P…

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