C’est la grande alliance pour lancer la contre-offensive des DRM à l’assaut des terres occupées par les pirates ! Tout Hollywood et toute la Silicon Valley se donne la main pour dévoiler en coeur ce lundi un écosystème numérique censé relancer l’attractivité des DRM via l’interopérabilité. Mais le général Steve Jobs et le soldat Mickey manquant à l’appel, l’opération risque vite de faire « pshiiit ».

C’était la grande idée de Sony, dont nous avions parlé dès cet été. La firme japonaise voulait réunir autour d’elle un grand nombre d’industriels de l’informatique et des contenus pour se mettre d’accord sur un environnement de DRM unifié, qui permettrait aux consommateurs de lire leurs contenus sur n’importe quelle machine, tout en assurant un contrôle des œuvres pour éviter leur diffusion illicite sur les réseaux P2P, notamment.

C’est désormais chose faite. Le consortium Digital Entertainment Content Ecosystem (DECE) est né officiellement ce lundi pour assurer l’interopérabilité des DRM dans la vidéo à la demande, de façon à être mieux acceptés par les consommateurs tout en assurant le combat contre le piratage. Il réunit pour le moment Warner Bros Entertainment, Fox Entertainment Group, NBC Universal, Sony, Paramount Pictures et Comcast Corp. du côté des producteurs audiovisuels, et Best Buy, Microsoft, Hewlett-Packard, Cisco, Philips, Intel, Toshiba et Verisign du côté des exploitants.

Apple n’a pas souhaité se joindre au mouvement, tout comme les studios Disney qui comptent comme principal actionnaire individuel Steve Jobs. Sans ces deux partenaires clés des deux côtés du rubicon, l’affaire semble déjà mal engagée.

Mais il manquera probablement un troisième partenaire essentiel : le consommateur.

Car le principe de DECE est d’obliger les consommateurs à déclarer le matériel qu’ils utilisent pour lire leurs vidéos au sein d’un même « domaine numérique ». C’est ensuite le gestionnaire des domaines, une organisation tiers, qui assure la validation des autorisations et la traduction des différents DRM pour assurer l’interopérabilité entre les fournisseurs de contenus et les matériels employés. Concrètement, il devrait donc être possible d’acheter une vidéo sur une Playstation 3 de Sony et de la lire sur un baladeur Zune de Microsoft, à condition que les deux appareils soient déclarés dans le même domaine. Sinon, la lecture sera refusée.

Tout le discours de DECE part du principe que le consommateur n’aura pas le choix, et qu’il jouera donc le jeu, quitte à sacrifier de son temps et de sa vie privée pour déclarer chacun des appareils qu’il possède ou utilise. Or les consommateurs ont le choix. Ils peuvent se rendre sur The Pirate Bay, Mininova, Monova et tant d’autres pour télécharger exactement les mêmes contenus dans un format qui ne leur demandera pas de montrer patte blanche avant de pouvoir être lus, et qui pourront être recopiés librement.

Le seul résultat des initiatives comme DECE est de convaincre les utilisateurs de se pencher toujours davantage vers les sources pirates où, comble de la lutte contre le piratage, ils trouvent des contenus gratuits de meilleure « usabilité » que les contenus payants. Electronic Arts vient d’en faire l’expérience avec Spore…

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