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Attentats : pourquoi je ne partage plus mon émotion sur les réseaux sociaux

Neuro le 15/07/2016 à 18:52

« On pourrait considérer la diffusion des images et d'autres éléments émotionnellement impactants, comme la « seconde » déflagration de l'attentat. La stratégie des terroristes vise aussi à utiliser l’onde de choc physique et émotionnelle de l'attentat pour initier de multiples «répliques » de cette première onde de choc, respectivement "résonance émotionnelle". Les réseaux sociaux, et les chaines d'information en continu, en seront les principaux catalyseurs...»

https://www.linkedin.com/pulse/attentats-pourquoi-je-ne-partage-plus-mon-%C3%A9motion-sur-st%C3%A9phane-koch

Neuro le 15/07/2016 à 18:56

Pour ceux qui ne sont pas sur Linkedin voilà le billet en entier :

On pourrait considérer la diffusion des images et d’autres éléments émotionnellement impactants, comme la « seconde » déflagration de l’attentat. La stratégie des terroristes vise aussi à utiliser l’onde de choc physique et émotionnelle de l’attentat pour initier de multiples «répliques » de cette première onde de choc, respectivement “résonance émotionnelle”. Les réseaux sociaux, et les chaines d’information en continu, en seront les principaux catalyseurs (propagation de l’onde de choc de l’acte – ou des actes – terroriste de base).
L’amplification de l’impact: par le partage des images et vidéos des scènes des attentats, de celles des victimes, des témoignages de leur douleur, de sa propre douleur… on “étend” virtuellement le périmètre physique, l’impact des explosions, les dommages humains qu’elles ont causés, à chaque personne que l’on va “toucher” par nos diffusions. Les contenus partagés sont à prendre comme autant d’éclats de cette déflagration/explosion émotionnelle. Ils vont
affecter et blesser notre psychisme durablement (le traumatisme se créer aussi par le partage d’expérience traumatisante). Ce qui est exactement ce que les initiateurs de ces attentats cherchent à faire. Ils ne
partagent pas nos valeurs, il s’en servent… dès lors, il est important de le prendre en compte pour renforcer notre résilience.
Le fait que je n’affiche pas mon émotion ne signifie pas que je n’éprouve pas d’émotion. Ça ne signifie pas non plus que je n’éprouve pas d’empathie pour les victimes et leurs proches. A titre personnel, je le souligne, je ne veux pas courir le risque que mon empathie ou ma colère… puisse servir d’élément de motivation ou de validation à ceux qui sont à l’origine de tels actes, et que par rebond, je puisse causer insidieusement et indirectement d’autres victimes. Je te le dis sans certitude, ni animosité, ni arrogance, ni leçon de morale.
Je ne veux pas non plus alimenter une « stratégie de la tension » dont certains gouvernements vont se servir (se serve) pour alimenter leur propre agenda politique. Ni à aider à justifier la mise en place d’un « tout sécuritaire » et d’une restriction de nos libertés - au nom de nos libertés - qui ne serait qu’un nuage de fumée destiné à masquer les manquements des services de renseignements et de leur incapacité à collaborer correctement les uns avec les autres.
Pour finir, je ne partage que des informations que je considère comme potentiellement “utiles” (avec toute la portée subjective de mon jugement), si c’est le moment, ou encore le moment de les partager, et sur quelles plateformes les partager (informations sur le don du sang, les numéros d’urgence, les appels à témoins, par exemple).

dev_tty le 16/07/2016 à 00:15

Merci Neuro.

Cette fois, je pense qu’on a échappé aux “je suis” et aux “pray for”. Faire savoir sa solidarité c’est bien, mais il ne faut pas que ça devienne un spectacle.

Cette personne découvre, avec retard, qu’on ne réagit pas avec les émotions mais avec la raison. On aurait pu lui dire plutôt.

johndo1 le 16/07/2016 à 08:48

Il aurait pu se questionner plus tôt sur ce qu'il relaye.

Mouai, pas tout à fait... Ne fais pas comme lui qui mélange information et réaction sensationnaliste, voyeuriste.

La compassion est importante pour les victimes (vivants/morts/blessés/familles) pour se sentir soutenues. L'émotion face à la tragédie est aussi saine. Il n'est pas question que d'alimentation d'un effet de panique ou de participation au jeu des criminels. Mieux vaut des gens qui se rassemblent pour partager leur douleur que des gens qui se rassemblent pour faire des ratonnades et appeler au lynchage.

Se refuser à faire preuve d'émotion et avoir la prétention de ne réagir que par la raison, n'est-ce pas, la aussi, une réaction émotionnelle ? Comme une défense personnelle ? et dans certains cas une forme d'esquive ? "ça ne me touche pas", "je suis plus fort", "je suis au-delà de ça", "même pas mal"...

dev_tty le 16/07/2016 à 12:14

En effet. C'est une réaction qui m'a sauvé la vie.

johndo1 le 16/07/2016 à 13:22

C'est à dire ?

dev_tty le 16/07/2016 à 13:43

C’est-à-dire que reléguer l’émotionnel tout au fond de ma conscience (oh là là je vais mourir - ce qui était une quasi-certitude - ma pauvre maman va pleurer et mes amis seront dans la douleur) m’a permis de libérer la place pour calculer une voie de sortie. Je me suis transformé en automate.

Généralement, les réactions émotionnelles sont inadaptées, voire nuisibles.

johndo1 le 16/07/2016 à 16:08

Vérités toute faites, généralités, point de vue simpliste.

Chitzitoune le 19/07/2016 à 11:48

C'est pas forcement la réaction la plus "intelligente", mais c'est assurément la plus "humaine" et naturelle.

anon21954664 le 19/07/2016 à 16:36

L'empathie fait partie des réactions qui maintiennent une cohésion sociale.