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La livraison en moins d'une heure ? Le défi de la logistique, pas d'Amazon

La bataille de la livraison n'est peut-être pas celle des commerçants, des entreprises du web ou des enseignes de la grande distribution. C'est dans les coulisses de la logistique qu'elle se joue. 

La mairie de Paris, par la voix d'Anne Hidalgo, a accusé Amazon de concurrence déloyale quand l'entreprise américaine a lancé son service Prime Now dans la capitale la semaine dernière. Quand nous en avons fait le test, nous n'avons pas vraiment trouvé le service anti-concurrentiel : il est plus cher que certaines prestations proposées par les enseignes de la grande distribution et ne remplace pas vraiment les courses plaisir, chez les artisans. Il reste néanmoins un service efficace qui répond parfaitement à la tâche qu'il se propose de fournir, le tout grâce à une application ergonomique et fluide.

Mais au-delà de ces trois mondes que sont la grande distribution, les petits commerçants et les géants du web se cache un quatrième monde qu'on oublie souvent dans le mix : celui des prestataires de livraison qui travaillent déjà depuis longtemps, dans l'ombre, à améliorer l'acheminement des colis. Et comme la plupart des secteurs aujourd'hui, celui de la logistique ne reste pas les bras croisés à attendre que des géants viennent manger ses parts de marché -- géants qui sont aussi ses clients.

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Pour tenter de comprendre ces modifications et comment la logistique du dernier kilomètre s'est organisée pour préparer le terrain avant l'arrivée de Prime Now, nous avons rencontré PingKi Houang, ancien DG de Showroomprivé qui a rejoint l'aventure de la startup Stuart au poste de directeur général en mai dernier. Stuart, c'est le projet de deux entrepreneur : Clément Benoît et Benjamin Chemla qui ont fait le constat qu'un commerce aujourd'hui ne pouvait résoudre seul les nouvelles problématiques de la livraison moderne.

Ces problématiques reposent sur trois chiffres, d'après PingKi : 75 % des Français souhaitent pouvoir être livrés en moins de 3 heures, 90 % des Français sont sensibles à la diversité de l'offre en matière de livraison et 45 % acceptent de payer plus cher pour être livrés le week-end. Face à cela, une entreprise n'a que deux choix : gérer elle-même ses livreurs ou sous-traiter cette tâche à une entreprise. C'est en pariant sur la deuxième option que Stuart est née, en proposant une offre aux commerçants et aux entreprises qui se voudrait adaptée aux besoins contemporains des consommateurs.

Concrètement, il s'agit d'une plateforme réservée aux professionnels qui leur permet d'utiliser les services des livreurs de Stuart. L'entreprise garantit des livreurs qualifiés -- sur 100 candidats, 25 sont retenus, nous dit-on -- et assure que la livraison se fera en temps et en heure. La promesse de Stuart, c'est de fournir un livreur en 10 minutes à peu près et une livraison au client final en trente minutes. Un temps d'attente inférieur à celui proposé par Amazon. La startup fournit également à ses clients une API qu'ils peuvent installer dans leur application ou sur leur site et qui permet aux clients de suivre les livreurs et de renseigner leur niveau de satisfaction.

Les modes de livraison sont multiples : Stuart propose aussi bien des vélos que des voitures ou des scooters, selon les besoins de son client. Aujourd'hui, la startup cherche à renforcer sa flotte de véhicules respectueux de l'environnement -- idéaux pour ces fameux derniers kilomètres qui séparent un magasin ou un restaurant d'un consommateur.

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Parmi les premiers utilisateurs de Stuart, on compte d'ailleurs un concurrent direct d'Amazon Prime Now à Paris : la chaîne Franprix a en effet choisi de s'offrir les services des livreurs de la startup pour ses livraisons rapides. La catégorie alimentaire de Cdiscount et Sushi Shop sont également en affaires avec Stuart pour leurs livraisons, même si la chaîne de restaurants japonais continue, en parallèle, d'utiliser sa propre flotte.

Et pour PingKi Houang, l'arrivée d'Amazon Prime Now est une aubaine : tous les commerçants vont vouloir s'aligner et des solutions comme celles proposées par son entreprise vont faire figure de premier choix pour les entreprises qui ne souhaitent pas trop se poser de question. « Amazon répond à un besoin réel : ils ont redonné le ton et répondu au besoin d'un consommateur final », affirme le directeur général. Aux entreprises françaises de faire mieux.

Et Stuart ne risque pas d'être seul sur ce secteur chamboulé par Amazon et qui réagit déjà au quart de tour : GeoPost a investi 20 millions d'euros en novembre dernier dans la startup, signe que des gros gardent un œil attentif sur les solutions de ce genre. Avant, peut-être, que l'État ne s'en mêle : en travaillant avec des auto-entrepreneurs à la Uber, Stuart ne résout pas le problème actuel du salariat, ni celui de la protection sociale -- seulement celui de l'emploi. Mais Amazon ne révolutionne pas non plus cet aspect là, faisant aussi appel en France à des prestataires comme Top-Chrono.

Quoi qu'il en soit, comme le transport, la logistique entre dans une phase de transformation numérique qu'il sera intéressant de suivre. Et la bataille de la livraison ne fait que commencer.