Free a attaqué SFR-Numericable en justice pour contester son utilisation du mot « fibre » dans les offres d’accès à internet très haut débit qui mêlent fibre optique et câble coaxial.

Que vous bénéficiez du FttH (Fiber to the Home) ou du FttB (Fiber to the Building), les deux infrastructures sont réputées apporter « la fibre » à l’abonné. Mais seule la première des installations fait parvenir le câble de fibre optique jusqu’au modem de l’utilisateur final. C’est donc pour rappeler que l’accès « fibre » doit être d’un bout à l’autre du réseau, sans aucun morceau en cuivre ou en coaxial, que Free a décidé de poursuivre SFR-Numericable, accusé de tromper les consommateurs.

Le magazine L’Express révèle en effet que Free a porté plainte l’été dernier contre l’entreprise de Patrick Drahi, pour publicité trompeuse autour de son offre d’accès à internet par fibre optique. Le câblo-opérateur vend sous la dénomination de « fibre » des accès qui ne sont pas FTTH, mais simplement FTTB, les derniers mètres de connexion jusqu’aux logements des abonnés étant réalisés à travers le câble coaxial installé dans les immeubles.

Le câble coaxial est une fibre, pas « la fibre»

Extrait d'une publicité Numericable

Extrait d’une publicité Numericable

Mais le câble coaxial peut également s’appeler « fibre coaxiale » par opposition à la fibre optique, ce qui fait que le mot « fibre » tout seul n’exprime en lui-même ni l’une ni l’autre des technologies. Sauf, peut-être, dans l’esprit du consommateur qui peut se sentir floué, ce que le tribunal de commerce de Paris devra confirmer, ou non.

Car la fibre optique a des débits théoriquement illimités, ce qui n’est pas le cas du câble coaxial qui connaît des déperditions qui s’accentuent avec sa longueur. Une vraie offre 100 % fibre optique a donc une capacité d’évolution et une fiabilité en terme de débits réels bien supérieures à une offre mêlant fibre optique et coaxiale.

La définition du mot « fibre » dans les offres commerciales des opérateurs est donc un sujet pris au sérieux par l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep), qui permet aussi à l’État de bénéficier d’un moyen de pression sur un Patrick Drahi dont l’ambition est crainte.

30 % du très haut débit est en FttH

En septembre dernier, le président de l’Arcep Sébastien Soriano avait dit sa « préoccupation » lors d’un forum organisé par Les Échos. « Je m’interroge sur le fait que certains opérateurs puissent utiliser le mot de fibre optique de manière très libre, sans qu’il y ait de règles du jeu claires qui soient posées », avait-il déclaré, ajoutant que l’Arcep s’interdisait désormais de parler de « fibre coaxiale » et ne parlait plus que de « câble coaxial », pour éviter toute confusion.

« Nous avons reçu une demande d’un acteur qui n’est pas satisfait de cette orientation. Mais je vais écarter ses demandes », avait-il ajouté en évoquant à mots couverts SFR-Numericable.

A gauche, un câble coaxial. A droite, une fibre optique.

A gauche, un câble coaxial. A droite, une fibre optique.

La plainte de Free contre SFR-Numericable sur ce terrain ne manque pas de sel quand on se souvient qu’en 2012, c’est SFR qui avait attaqué Bouygues pour les mêmes raisons. Mais à l’époque, SFR n’avait pas encore fusionné avec Numericable, et n’avait donc de marketing douteux à protéger autour du câble coaxial.

Selon l’Observatoire des marchés des communications électroniques publié par l’Arcep, la France comptait au second trimestre 2015 environ 1,14 million d’abonnements internet à très haut débit en fibre optique de bout en bout (FttH), pour un nombre total de 3,8 millions d’abonnements à très haut débit, offrant au moins 30 Mbps. C’est donc seulement 30 % du parc THD français qui est réalisé en FttH, lequel est toutefois en forte croissance, avec 58 % d’augmentation du nombre d’abonnements en un an.

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